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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/167

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visibles par la permission de Dieu. Je veux étudier le contenu de ce volume mystérieux ; je veux savoir pourquoi la dame d’Avenel l’aimait tant ; pourquoi les prêtres le redoutaient et auraient voulu s’en emparer, et pourquoi tu l’as deux fois retiré de leurs mains. Quel mystère est renfermé dans ce livre ? Parle, je t’en conjure. » La Dame Blanche prit un air singulièrement triste et solennel ; penchant la tête, elle croisa les bras sur sa poitrine et répliqua :

Dans ce volume redoutable,
Des mystères pour les humains,
Gît le mystère impénétrable.
Heureux à qui dans ses desseins
Dieu permet de lire, de craindre,
D’espérer, de prier sans feindre.

Mais malheur au mortel qui dans ces saints écrits

Puise le doute ou le mépris.

« Donne-moi le volume, belle dame, dit le jeune Glendinning, On dit que je suis paresseux et stupide ; mais dans cette étude l’amour du travail ne me manquera pas, ni l’intelligence, avec l’aide de Dieu. Donne-moi le volume. »

L’apparition répliqua de nouveau :

Dans une sombre profondeur,

Ami, j’ai déposé ce livre de prière.
De feux aériens l’éternelle chaleur
L’entoure incessamment d’une ardente barrière.
Tout sait le respecter dans la nature entière,
Excepté l’homme à qui les cieux l’avaient donné.
Prends ma main pour ne suivre, et tu verras des choses
Dont la raison en vain voudrait scruter les causes,
Et qu’un esprit voit seul sans en être étonné.

Halbert Glendinning tendit hardiment la main à la Dame Blanche.

« Crains-tu de venir avec moi ? » dit-elle, sentant que cette main tremblait dans la sienne, qui était douce, mais glacée.

Craindrais-tu de me suivre ? il en est encor temps :
Retourne sur tes pas, dédaigne mes présents ;
Vis dans l’obscurité comme dans l’ignorance,
Mais fuis de ce vallon, ou bien crains ma vengeance !

« Si ce que tu dis est vrai, » répondit l’intrépide jeune homme, « j’ai une plus haute destinée que la tienne. Il n’y a ni fantaisie