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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/203

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la nécessité qui nous rend tous deux habitants de cette chaumière ne nous a point placés sur la même ligne.

— Par sainte Marie ! s’écria le jeune Glendinning, je voudrais que cela fût ; mais les honnêtes gens disent que celui qui demande l’abri est redevable à celui qui le lui donne ; et c’est pourquoi nos rangs seront égaux tant que ce toit nous couvrira tous deux.

— Tu te trompes complètement, répondit sir Piercy, et tu veux savoir quelle est ta place dans notre situation respective : sache que je ne pense pas être ton hôte, mais celui de ton maître, le seigneur abbé de Sainte-Marie, qui, pour des raisons qui lui sont aussi bien connues qu’à moi-même, a trouvé convenable de me donner l’hospitalité par le moyen de ton ministère, toi son serviteur et son vassal, qui est pour cette raison un instrument aussi passif de mes commodités que ce tabouret raboteux et mal fait sur lequel je suis assis, ou que l’assiette de bois sur laquelle je mange ma grossière nourriture. » Ayant dit cela il se retourna vers Marie en disant : « Ma très-belle maîtresse, ou plutôt comme je le disais avant, ma très charmante protection[1].

Marie Avenel était sur le point de lui répondre, quand Halbert, s’écriant d’une voix ferme, altière et passionnée : « Non, le roi d’Écosse, s’il vivait, n’en agirait pas ainsi avec moi ! » la força à se jeter entre lui et l’étranger, disant : « Pour l’amour de Dieu, Halbert, prenez garde à ce que vous faites.

— Ne craignez point, très-belle protection, » dit sir Piercy

  1. Il y a, dit Walter Scott, il y a dans les anciennes comédies un grand nombre d’exemples de cette coutume bizarre et recherchée entre les personnes qui forment une étroite liaison, se distinguant l’une l’autre par des épithètes affectées. Dans Every man of his humour, on trouve une discussion amusante sur les noms les plus propres à resserrer le lien qui existe entre Soghardo et Cavaliero Shift ; on finit par adopter ceux de contenance et de résolution. Ce qui suit est mieux placé dans le discours d’Hédon, voluptueux courtisan de Synthia’s Novels. « Vous savez que je nomme madame Philantia mon Honneur, et qu’elle m’appelle son Ambition. Maintenant, lorsque je la rencontrerai tout à l’heure, j’irai à elle et lui dirai : « Doux honneur, j’ai jusqu’ici satisfait mes sens avec les lis de votre main ; mais à présent il faut que je goûte les roses de vos lèvres. » Ce à quoi elle répondra en rougissant : « Vraiment ! vous êtes trop ambitieux. » Et alors je répliquerai : « Je ne puis être trop ambitieux d’honneur, douce dame. Ne voulez vous pas être bonne ? » Je crois qu’il y a quelque reste de cette niaiserie dans les loges maçonniques, ajoute l’auteur anglais afin de prouver sans doute qu’il n’est pas franc-maçon. a. m.