Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/230

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La Dame Blanche répondit :

« Un être plus puissant que moi
Sur le monde étend son empire ;
L’aigle altier reconnaît sa loi,
Lorsqu’au front des cieux, sans effroi,
Sou vol audacieux aspire ;
Comme aussi, dans son doux émoi,
La tourterelle qui soupire
Sous le feuillage qui l’inspire,
En discret témoin de sa foi.
À son gré, cet être invisible,
De mille formes se couvrant,
Du plus humble jusqu’au plus grand
Amollit le cœur insensible,
Rend vertueux un cœur méchant,
Et turbulent l’homme paisible.

— Parle-moi d’une manière plus claire, » dit le jeune homme dont le sang était si agité que son visage, son cou et ses mains étaient d’un rouge foncé.

L’esprit reprit :

« Demande à ton cœur où Marie
Habite en un secret repli ;
Pourquoi ton âme, en sa folie,
Ne peut supporter son oubli,
Demande-lui pourquoi sans cesse
Ton esprit cherche à s’élever
Vers la grandeur ou la sagesse ;
Pourquoi tu crains de retrouver
Ton origine et ta bassesse ;
Demande-lui dans les combats
Pourquoi tu veux risquer ta vie :
Ton cœur le répondra tout bas :

J’aime Marie.

— Dis-moi donc, » reprit Halbert, les joues encore couvertes de rougeur, » toi qui viens de m’apprendre ce que je n’ose m’avouer à moi-même, par quel moyen je dois l’instruire de mon amour ? »

La Dame Blanche répondit :

« Je ne saurais par mes avis
Aider les passions humaines.