Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/231

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De leurs impassibles domaines
À peine si les purs esprits
Les voient : ainsi que du rivage
On contemple un lointain naufrage.

— Cependant ton propre sort, répliqua Halbert, à moins que les hommes ne se trompent, est lié à celui des mortels ? »

Le fantôme répondit :

« Par un lien mystérieux,
Dont le secret est dans les cieux,
Souvent notre espèce légère
S’allie aux enfants de la terre.

Quand le premier des Avenel,
Norman Ulric, reçut la vie,
L’étoile à ses destins unie
Brilla dans les plaines du ciel.

De cette lumière soudaine
Le premier rayon descendit
Dans les flots de cette fontaine,
Et la Dame Blanche en naquit.

Ainsi la puissante famille,
Et l’étoile, et sa pâle fille,
Écloses en un seul matin,
N’auront jamais qu’un seul destin.

— Explique toi plus clairement, répliqua le jeune Glendinning ; je ne comprends, point tout ceci. Qui a forgé le lien mystérieux qui unit ton sort à celui de la maison d’Avenel ? et quel destin est réservé à cette maison ? »

La Dame Blanche répondit :

« Ce fil d’or qui fait ma ceinture,
Lorsque des mains de la nature
Je sortis en portant ce don,
Était une si forte chaîne
Que pour la briser, de Samson
Toute la force eût été vaine.
Mais, hélas ! rien n’est éternel :
De l’éclat déchu d’Avenel
Elle a suivi la destinée.
Venue la dernière journée