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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/258

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que sir Piercy arriva à la conclusion des longues strophes entortillées du divin Astrophel.

Comme alors il se faisait tard, et que la famille de Glendearg allait se séparer pour le repos de la nuit, sir Piercy le premier dit à la dame que son fils Halbert…

« Halbert, dit Elspeth en prononçant fortement l’aspiration de la première syllabe, Halbert, comme son grand-père, Halbert Brydone.

— Eh bien donc, j’ai prié votre fils Halbert de venir avec moi demain, au soleil levant, éveiller un cerf dans sa retraite, afin de juger s’il est aussi prompt et habile à la chasse que la renommée le publie.

— Hélas ! sir chevalier, répondit dame Elspeth, il n’y est que trop prompt, si vous parlez de promptitude, pour chaque chose qui porte acier à un bout et malheur à l’autre. Mais il est à votre disposition, et je me flatte que vous lui persuaderez d’obéir à notre vénérable père et seigneur l’abbé, et obtiendrez de lui qu’il prenne la place d’archer ; car, comme disent les deux moines, ce serait un grand secours pour une veuve.

— Fiez-vous à moi, bonne dame, répliqua sir Piercy ; je veux lui indiquer quelle conduite il doit tenir envers ses supérieurs. Nous nous rencontrerons donc sous les bouleaux, dans la plaine, » dit-il en regardant Halbert, « aussitôt que l’œil du jour aura ouvert sa paupière. » Halbert répondit par un signe d’approbation, et le chevalier poursuivit : « Et maintenant, ayant souhaité à ma très-belle Discrétion ces rêves charmants qui agitent leurs ailes autour de la couche de la beauté endormie, à cette belle Damoiselle les trésors de Morphée, et à tous les autres le commun bonsoir, je vous prierai de me permettre de partir pour me rendre au lieu du repos, quoique je puisse dire avec le poète :

« Le repos ! je l’ignore en mon cruel tourment
Ou du moins ce n’est plus pour moi qu’un changement

De position ou de place.
Le sommeil ! il est seulement
Le triste évanouissement
D’une nature qui se lasse.
Et ma couche ! dans ce moment

Est un coussin plus dur qu’une épaisse cuirasse :
Repos, sommeil et lit, sous le chaume isolé,

N’attendent point un exilé,
Afin d’adoucir sa disgrâce. »