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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/264

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il regarda la tour et vit que d’une croisée on lui faisait un signal avec un mouchoir. Ne doutant pas que ce ne fût son adversaire, il s’arrêta pour l’attendre. Mais c’était Marie Avenel, qui, comme un esprit, sortit de dessous le portail rustique.

Halbert fut très-étonné, et éprouva, sans deviner pourquoi, les sentiments d’homme surpris à faire une mauvaise action. Jusqu’alors la présence de Marie Avenel ne lui avait jamais causé un sentiment pénible. Elle lui demanda d’un ton où se confondaient la tristesse et la sévérité : « Ce qu’il allait faire ? »

Il montra son arc, et était prêt à alléguer le prétexte qu’il avait imaginé, quand Marie l’interrompit.

« Non, Halbert, non ; ce mensonge n’est pas digne d’un homme qui jusqu’ici n’a dit que la vérité. Vous ne pensez pas à aller tuer le daim : votre main et votre cœur visent à une autre chasse ; vous voulez vous battre avec cet étranger.

— Et quel sujet de querelle aurais-je avec notre hôte ? répondit Halbert en rougissant.

« Vous avez, certes, beaucoup de raison pour n’en point avoir, reprit la jeune fille, et pas une pour en chercher. Cependant vous courez dans ce moment après une querelle.

— Qui peut vous faire penser ainsi, Marie ? » dit Halbert en s’efforçant de dissimuler ; « c’est l’hôte de ma mère, il est protégé par nos maîtres, les moines de Sainte-Marie ; il est aussi de haute naissance ; c’est pourquoi vous devez penser que je ne puis ni ne dois oser me fâcher pour une parole trop vive qu’il m’a adressée plutôt, peut-être, pour faire briller son esprit que pour m’offenser.

— Hélas ! repartit la jeune fille, ce que vous venez de me dire ne me permet plus d’avoir de doute au sujet de votre résolution. Dès votre enfance vous avez toujours été audacieux, toujours vous avez cherché le danger plutôt que de l’éviter. Vous vous êtes plu dans tout ce qui était aventureux, et ce n’est pas la crainte qui vous fera abandonner votre projet. Oh ! que ce soit donc la pitié, la pitié, Halbert, pour notre mère, à qui votre mort ou votre victoire ôtera le bonheur et l’appui de sa vieillesse.

— Elle a mon frère Édouard, » dit Halbert en se détournant. « Sans doute, dit Marie Avenel, elle a le calme, le sage, le noble Édouard, qui a ton courage, Halbert, sans avoir ton impérueuse témérité, et ton esprit généreux, avec plus de raison pour le diriger, il ne pourrait, sans se laisser toucher, entendre sa mère et