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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/301

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Aussitôt les serviteurs se hâtèrent à l’envi, et servirent à l’instant plusieurs vastes plats chargés d’énormes pièces de bœuf bouilli ou rôti, mais sans nul autre apprêt, sans légumes et presque sans pain, si ce n’est quelques gâteaux d’avoine dans des corbeilles placées à l’extrémité de la table. Julien Avenel en fit des excuses à Warden.

« Vous nous avez été recommandé, monsieur le prédicateur, puisque c’est votre qualité, par un personnage que nous honorons hautement.

— Je suis assuré, dit Warden, que le très-noble lord…

— Silence ! dit Avenel ; à quoi bon désigner les personnes par leur nom, si nous nous comprenons l’un et l’autre. Je vous dirai seulement que ce personnage nous a prié de veiller à votre sûreté, de vous donner autant d’agrément que possible. Pour ce qui est de votre sûreté, il vous suffit de regarder ces murailles et l’eau qui les entoure. Quant à l’agrément, nous n’avons point de blé chez nous, et il nous est moins facile d’amener ici les sacs de farine du Sud que les bœufs, les premiers n’ayant point de jambes pour marcher. Mais, quoiqu’il en soit, vous aurez à votre service un broc de vin et du meilleur, et vous serez assis entre Catherine et moi, au haut bout de la table. Pour toi, Christie, charge-toi de notre jeune gaillard, et veille à ce qu’on nous apporte du vin et du bon. »

Le baron, selon sa coutume, se plaça au haut bout de la table ; Catherine s’assit auprès de lui ; entre eux deux était un siège, place d’honneur réservée à leur respectable hôte. Mais malgré la fatigue et la faim auxquelles il était près de succomber, Henri Warden resta toujours debout.