Julien Avenel ne vit pas sans surprise la conduite du vénérable étranger. « Malédiction sur moi, dit-il, ces nouveaux réformateurs, ces religionnaires ont, je le parie, leurs jours de jeûne. Les anciens avaient coutume de répandre ces bénédictions uniquement sur nous autres laïques.
— Nous ne reconnaissons pas de semblables règles, dit le prédicateur. Notre croyance ne consiste pas à user ou à s’abstenir de certaines viandes dans certains jours, et quand nous jeûnons, ce sont nos cœurs que nous mortifions, et nous les lacérons au lieu de notre robe.
— Tant mieux, tant mieux pour vous, et tant pis pour Tom le tailleur ! Allons, assieds-toi ; et si tu veux nous donner un échantillon de ton office, explique-nous ton grimoire.
— Sir baron, dit le prédicateur, je suis dans un pays étranger, où ni mon office, ni ma doctrine, ne sont connus, et où au contraire l’un et l’autre semblent bien peu compris. Mon devoir est de faire respecter ma personne, tout humble qu’elle soit, et la dignité de mon maître, comme aussi de ne pas lâcher la bride au péché, en l’autorisant de ma présence.
— Holà, halte-là ! dit le baron ; tu es envoyé ici pour ta sûreté, et non, je pense, pour me sermonner et me prêcher. Eh bien, sir prédicateur ! que voulez-vous ? Rappelez-vous que vous parlez à qui la patience est courte, et à qui aime à mener courte vie et à boire long-temps.
— Alors, en un mot, dit Henri Warden ; cette dame…
— Comment, » dit le baron tressaillant de colère, « qu’as-tu à dire sur cette dame ?
— Est-ce la dame de la maison ? » dit le prédicateur, après un