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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/312

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— Je ferai tout au monde pour cela, et sur-le-champ, répondit le jeune homme.

— Vous allez donc vous charger d’une lettre que je vais écrire à l’instant ; j’ai dans ma valise tout ce qui est nécessaire, même pour me procurer de la lumière. Dirigez-vous en toute hâte vers Édimbourg ; sur votre route vous rencontrerez un corps de cavalerie allant au sud. Remettez cette lettre au chef, et rendez-lui un compte exact de l’état où vous m’avez laissé. Peut-être ce service tournera-t-il plus que vous ne pensez à votre avantage. »

Après une minute ou deux, une petite lumière brilla à travers la barbacane, et bientôt le prédicateur, à l’aide de son bâton, fit parvenir un billet à Glendinning.

« Dieu te bénisse, mon fils, dit le vieillard ; et qu’il achève l’œuvre merveilleuse qu’il a commencée !

— Ainsi soit-il ! » répondit Halbert avec solennité, et il se disposa à exécuter son dessein.

Il hésita un moment s’il essaierait de descendre sur le bord du lac ; l’escarpement du roc et l’obscurité de la nuit rendaient ce moyen trop dangereux. C’est pourquoi, tenant ses deux mains serrées au-dessus de sa tête, il se jeta hardiment du haut de ce précipice, tâchant de s’élancer assez en avant pour éviter les rescifs qui pouvaient border le lac ; il plongea à une si grande profondeur qu’il ne revint sur l’eau qu’une minute après. Halbert était familier avec cet exercice, et quoique embarrassé de son épée, il glissa sur l’eau comme un oiseau de mer, et traversa le lac dans la direction du nord. Lorsqu’il eut pris terre, il se retourna vers le château, et s’aperçut que l’alarme était donnée, car les lumières brillaient et passaient de fenêtre en fenêtre ; il entendit le pont-levis et les pas des chevaux sur la chaussée. Mais peu alarmé d’une telle poursuite dans l’obscurité, il tordit ses vêtements pour en exprimer l’eau, et s’enfonçant dans les bruyères, il dirigea sa course vers le nord-est, prenant pour guide l’étoile polaire.