Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/410

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était disposé à répondre avec sincérité à toutes ses questions.

« Le baron d’Avenel a-t-il quelques relations d’amitié avec sir John Foster, garde des frontières occidentales d’Angleterre ?

— Une amitié semblable à celle qui existe entre le chat sauvage et le furet.

— Ton maître combattra-t-il contre lui s’ils se rencontrent ?

— Aussi bien qu’un coq se soit jamais battu la veille du carnaval.

— Combattrait-il ce Foster pour la cause de l’Église ?

— Pour toute cause quelconque, et même sans aucune cause.

— Nous lui écrirons donc pour lui faire connaître que si, à l’occasion de l’incursion de sir John Foster, il consent à joindre ses forces aux nôtres, il aura le commandement de nos vassaux, et recevra pour récompense une entière satisfaction à ses désirs. Encore un mot : tu m’as dit que tu pourrais découvrir le chevalier sir Piercy Shafton.

— Je le puis, et je me charge de le ramener de gré ou de force, comme cela conviendra à Votre Révérence.

— Il n’est nullement nécessaire d’employer la force contre lui : combien te faut-il de temps pour le découvrir ?

— Trente heures, s’il n’a pas déjà traversé le Lothian. Si cela vous fait plaisir, je partirai immédiatement, et je le poursuivrai avec autant d’adresse qu’un chien lévrier suit le lièvre à la trace.

— Amène-le donc ici, et tu recevras de nos mains la récompense que tu auras méritée.

— Mille grâces à Votre Révérence, je mets toute ma confiance en elle. Nous autres, qui ne connaissons que la lance et la bride, nous traversons la vie, la plupart du temps, d’une manière assez irrégulière ; mais, quand bien même un homme de cette espèce serait encore pire qu’il n’est, Votre Révérence sait bien qu’il faut qu’il vive ; et cela ne se peut sans quelque fraude, j’ose le dire.

— Paix ! mets-toi sur-le-champ en mesure de remplir ton message : nous te donnerons une lettre pour sir Piercy Shafton. »

Christie fit deux pas vers la porte, puis revint en hésitant, et avec l’air d’un homme qui aurait envie de faire une plaisanterie impertinente s’il l’osait. « Que ferai-je, demanda-t-il, de Mysie Happer, que le chevalier à emmenée avec lui, dois-je la conduire ici ? Votre Révérence.

—Ici, impudent coquin ! reprit le moine : sais-tu à qui tu parles ?

— Je n’ai pas eu l’intention de vous offenser, révérend père ; mais puisque votre volonté n’est pas que je l’amène ici, je pourrai