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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/413

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bruns, la taille haute et les proportions d’une beauté remarquable ; mais cela n’empêchait pas que la veuve ne fût convaincue qu’il existait une ressemblance générale entre son jeune hôte et Saunders, et ce fut de bon cœur qu’elle le pressa de prendre part à son repas du soir. Un marchand colporteur, âgé d’environ quarante ans, à qui elle donnait également l’hospitalité, vint se joindre à eux, et pendant le repas il déplora les dangers de sa profession dans un temps de guerre et de trouble.

« On vante beaucoup les chevaliers et les soldats, dit-il ; mais le colporteur qui parcourt tous les pays a besoin de plus de courage qu’eux tous ; il est forcé de faire face à bien plus de dangers. Dieu lui soit en aide ! Je suis venu ici dans cette extrémité, espérant trouver le bon comte de Murray en marche pour les frontières, car il devait aller visiter le baron d’Avenel ; et au lieu de cela, j’apprends qu’il s’est dirigé vers l’Ouest pour quelque difficulté survenue dans le comté d’Ayr. Que faire ? je l’ignore. Si je m’avance du côté du Sud sans une sauve-garde, le premier vaurien que je rencontrerai peut me débarrasser tout à coup de mes sacs et de mes ballots, peut-être même de la vie ; et si j’essaie de traverser les marais, il peut m’arriver tout autant de mal avant d’avoir eu le temps de rejoindre l’armée du bon seigneur Murray. »

Personne n’était plus prompt à saisir une idée qu’Halbert Glendinning. Il annonça aussitôt l’intention où il était de se rendre vers l’Ouest. Le colporteur le regarda d’un air de doute, lorsque la vieille, qui s’imaginait peut-être que son jeune hôte ressemblait à l’important Saunders, non seulement dans les traits et la tournure, mais encore dans un certain penchant aux tours de main, talent que le défunt paraissait avoir possédé, lui fit un signe de l’œil, et assura le colporteur qu’il ne devait point mettre en doute la probité et l’honnêteté de son cousin.

« Cousin, reprit le colporteur ; il m’a semblé vous avoir entendu dire que ce jeune homme était un étranger ?

— Mal entendu fait mal redire, répondit la vieille : c’est un étranger pour mes yeux, mais il ne s’ensuit pas qu’il me soit étranger par le sang ; et d’ailleurs, voyez sa ressemblance avec mon fils Saunders, pauvre enfant ! »

Les soupçons et les inquiétudes du colporteur ainsi dissipés ou au moins calmés, les deux voyageurs convinrent qu’ils partiraient de compagnie le lendemain au point du jour ; que le colporteur servirait de guide à Glendinning, et ce dernier de défenseur au pre-