Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/421

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donwynes de Galloway ; mais le comte l’interrompit brusquement :

« Bien, bien ! laisse aux bardes et aux hérauts d’armes le soin de tracer les généalogies. Dans notre siècle, chaque homme est fils de ses œuvres. La lumière glorieuse de la réformation a brillé sur le prince de même que sur le paysan, et le paysan ainsi que le prince peut s’illustrer en combattant pour cette noble cause. Nous sommes dans un monde mouvant, où quiconque a l’âme courageuse et le bras vigoureux peut s’avancer et parvenir à tout. Dis-moi franchement pourquoi tu as quitté la maison de ton père. »

Halbert Glendinning fit un aveu sincère de son duel avec Piercy Shafton, et de la persuasion où il était qu’il l’avait tué.

« Par ma main ! s’écria Murray, tu es un épervier bien hardi, de t’être mesuré, à ton âge, avec un milan tel que Piercy Shafton ; la reine Élisabeth donnerait son gant rempli de couronnes d’or, pour apprendre que ce fat intrigant est sous la terre : n’est-ce pas Morton ?

— Oui, sur mon épée ! répondit Morton ; et elle regarde son gant comme un don plus précieux que les écus.

— Mais que ferons-nous de ce jeune homicide ? reprit Murray ; que diront nos prédicateurs ?

— Parlez-leur de Moïse et de Benaiah, répondit Morton ; il ne s’agit après tout que du meurtre d’un Égyptien.

— Eh bien ? soit, » dit Murray en riant ; « néanmoins nous ensevelirons cette histoire dans le sable, de même que le prophète ensevelit le corps. Je prends sous ma protection ce jeune homme. Approche, Glendinning, puisque tel est ton nom. Nous te retenons comme l’un des écuyers de notre maison. Notre grand écuyer sera chargé de t’équiper et de t’armer. »

Pendant tout le temps que dura l’expédition de Murray, il eut occasion de mettre à l’épreuve le courage et la présence d’esprit de Glendinning, qui s’éleva si rapidement dans l’estime de lord James, que ceux qui connaissaient ce seigneur regardèrent la fortune du jeune homme comme certaine. Il ne lui restait plus qu’un pas à faire pour parvenir au plus haut degré de confiance et de faveur, c’était d’abjurer le papisme. Les ministres réformés qui faisaient partie de la suite du comte, et qui étaient son principal appui auprès du peuple, trouvèrent dans Glendinning un esprit facile à persuader. Halbert dès son enfance avait senti peu de penchant pour la foi catholique, et ce fut avec ardeur qu’il embrassa des doctrines religieuses plus conformes à la sagesse et à la