Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/432

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soldats rejoindre votre armée ; partez, suivez le trompette du comte. Stawarth Bolton, mettez votre troupe en rangs, et soyez prêt à accourir au moindre signe de mon doigt. Allez donc rejoindre vos amis, sir écuyer, et ne restez pas ici. »

Malgré cet ordre positif, Halbert Glendinning ne put s’empêcher de s’arrêter pour jeter un regard sur l’infortunée Catherine, qui restait insensible au danger et au bruit des chevaux ; mais un second regard lui fit connaître qu’elle était sourde à tous les bruits et pour toujours. Glendinning se réjouit de voir que cette vie misérable était terminée, et que les pieds des chevaux, parmi lesquels il était obligé de laisser cette pauvre créature, ne pouvaient fouler et meurtrir qu’un corps inanimé. Il tira l’enfant d’entre les bras de la morte, à moitié honteux des éclats de rire qui s’élevèrent de tous côtés à la vue d’un homme armé chargé d’un fardeau si extraordinaire et si incommode dans un tel moment.

« Appuyez votre enfant sur votre épaule, s’écria un arquebusier… Portez bien votre poupon, dit un piquier… Paix, brutes que vous êtes, interrompit Stawarth Bolton, et respectez l’humanité dans les autres si vous n’en avez pas vous-mêmes. Je pardonne à ce jeune homme d’avoir fait quelque honte à mes cheveux gris, en le voyant prendre soin de cette pauvre créature que vous auriez foulée aux pieds, comme si des louves et non des femmes vous eussent enfantés ! »

Tandis que cela se passait, les chefs des deux côtés se rencontraient dans l’espace neutre entre leurs forces respectives, et le comte parlait ainsi au général anglais : « Est-ce bien se conduire, est-ce se conduire honnêtement, sir John, de venir en Écosse, bannière déployée, combattre, massacrer et faire des prisonniers selon votre bon plaisir ? Pour qui nous prenez-vous, le comte de Morton et moi ? Est-ce bien agir, pensez-vous, de ravager nos terres et de répandre notre sang, après les nombreuses preuves que nous avons données à votre maîtresse de notre dévouement à ses volontés, sauf toutefois la fidélité due à notre propre souveraine ?

— Comte de Murray, répondit Foster, tout le monde sait que vous êtes un homme d’un grand esprit et d’une sagesse profonde ; mais, depuis plusieurs semaines, vous m’avez toujours leurré de belles promesses en assurant que vous arrêteriez un rebelle ennemi de ma maîtresse, ce Piercy Shafton de Wilverton, et vous