Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/435

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retraite je deviens responsable envers ma souveraine du sang de ses sujets, si je souffre que ceux qui l’ont répandu s’éloignent si facilement.

— Il ne sera pas dit en Angleterre, déclara le général anglais, que John Foster a donné des otages comme vaincu, et cela sur le champ de bataille où il a remporté la victoire. Mais, » ajouta-t-il après un silence d’un moment, « si Stawarth Bolton veut rester avec vous de sa propre volonté, je n’ai rien à dire à cela ; et, au fait, il vaut mieux qu’il reste ici pour voir le départ de ce Piercy Shafton.

— Je le reçois néanmoins comme votre otage, et je le traiterai comme tel, » dit le comte de Murray. Mais Foster, se tournant comme pour donner des ordres à Bolton et à ses cavaliers, affecta de ne pas entendre cette observation.

« Voici un fidèle serviteur de sa très-belle dame et souveraine, dit Murray à part à Morton. Heureux homme ! il ne sait pas si l’exécution de ses ordres ne lui coûtera pas la tête ; et il est certain que s’il ne les avait pas exécutés, il aurait été disgracié et mis à mort sans aucun délai. Heureux serviteurs ! non seulement ils sont sujets aux caprices de la fortune, mais ils en sont responsables, et doivent en rendre compte à une souveraine aussi fantasque et capricieuse que la fortune elle-même.

— Nous aussi, milord, observa Morton, nous avons une femme pour souveraine.

— Oui, Douglas, » répondit le comte avec un soupir étouffé, « mais il reste à voir combien de temps une femme peut tenir les rênes du pouvoir dans un pays aussi remuant que le nôtre. Nous irons maintenant à Sainte-Marie, et nous examinerons nous-même l’état de cette maison. Glendinning, veillez sur cette femme et protégez-la. Que diable as-tu donc entre les bras ? un enfant, parbleu ! où as-tu trouvé une telle charge dans un tel lieu, à un tel instant ? »

Halbert Glendinning lui raconta en peu de mots son aventure. Le comte poussa son cheval vers l’endroit où gisait le corps de Julien Avenel que sa malheureuse compagne serrait dans ses bras, comme le tronc d’un chêne déraciné par la tempête, et renversé avec les guirlandes de lierre qui l’entouraient. Ils étaient froids tous les deux. Murray fut touché d’une manière extraordinaire : cette vue lui rappelait peut-être sa naissance.

« De quelle responsabilité ne sont-ils pas chargés, Douglas,