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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/441

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que je viens t’insulter à l’heure de l’affliction lorsque, Dieu le sait, je suis venu ici avec l’intention de remplir un engagement que j’ai contracté avec mon hôte, de me soumettre à ta volonté quand tu peux encore l’exercer sur moi, et peut-être pour apaiser en ta faveur la rage des vainqueurs que Dieu a suscités comme le châtiment de votre obstination.

« Je ne veux nullement de ton intercession, » dit l’abbé avec orgueil ; « la dignité à laquelle l’Église m’a élevé n’a jamais inspiré à mon cœur, dans les temps de la prospérité la plus grande, autant de fierté que dans ce moment critique. Je ne te demande rien que de m’assurer que mon indulgence ne t’a point fourni les moyens de pervertir une âme, et que je n’ai point donné au loup un agneau que le grand pasteur avait confié à mes soins.

— William Allan, répondit le protestant, je serai sincère avec toi. Ce que je t’ai promis, je l’ai tenu. Je n’ai jamais élevé la voix même pour un saint motif ; mais il a plu au ciel d’appeler la jeune Marie Avenel à une meilleure croyance. Je l’ai aidée de tout mon humble pouvoir ; je l’ai arrachée aux machinations des mauvais esprits auxquels toute sa famille a été en proie aussi long-temps que les Avenel ont été aveuglés par la superstition romaine : Dieu soit loué ! je n’ai pas de raison pour craindre qu’elle retombe de nouveau dans tes pièges.

— Malheureux ! » dit l’abbé, incapable de retenir son indignation, « et c’est à l’abbé de Sainte-Marie que tu te vantes d’avoir égaré une habitante de l’abbaye de Notre-Dame dans les sentiers de l’erreur et de l’hérésie la plus pernicieuse ? Wellwood, outre ce que j’ai à supporter, tu me presses, tu m’excites à employer le peu de moments d’autorité qui me restent encore pour faire disparaître de la surface de la terre un homme qui a employé d’une manière si perverse au service de Satan les talents qu’il avait reçus de Dieu !

— Libre à toi, dit le prédicateur ; mais ta vaine colère ne m’empêchera pas de faire mon devoir en te protégeant, si cela peut se faire sans négliger les occupations plus hautes auxquelles je suis appelé. Je me rends auprès du comte de Murray. »

Cette conférence, qui prenait la tournure d’une dispute violente, fut ici interrompue par le son grave et lugubre de la plus grande et de la plus lourde cloche du couvent, célèbre dans les chroniques de la communauté pour dissiper les tempêtes, mettre en fuite les démons, mais qui maintenant annonçait seulement le danger sans y apporter aucun secours. Répétant à la hâte ses ordres, que tous