Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un traître rebelle à la reine d’Angleterre, et d’exciter une guerre entre l’Angleterre et l’Écosse ? dit Murray.

— Dans ma jeunesse, milord, » répondit l’abbé avec la même intrépidité, « une guerre avec l’Angleterre n’était pas une chose si effrayante ; et non seulement un abbé mitré, forcé par la règle à donner l’hospitalité et à ouvrir le sanctuaire à tout le monde, mais même le plus pauvre paysan écossais, aurait été honteux d’alléguer la crainte de l’Angleterre comme un motif suffisant pour fermer sa porte à un exilé. Mais dans ces anciens temps, les Anglais voyaient rarement la figure d’un gentilhomme écossais, excepté à travers la grille de sa visière.

— Moine, » dit le comte Morton d’un ton sévère, « cette insolence te servira mal ; les jours sont passés où les prêtres de l’Église de Rome se permettaient de braver impunément les braves gentilshommes. Livre-nous Piercy Shafton, ou par les armes de mon père ! je livre ton abbaye aux flammes.

— Et si tu le fais, lord Morton, les ruines retomberont sur les tombeaux de tes ancêtres. Qu’il en arrive ce qu’il plaira à Dieu ; l’abbé de Sainte-Marie ne livrera jamais quelqu’un qu’il a promis de protéger.

— Abbé, dit Murray, réfléchis avant que nous soyons réduits à employer la force ; les mains de ces hommes, » dit-il en montrant ses soldats, « feront du ravage dans les cellules et les reliquaires, si nous sommes forcés de chercher cet Anglais.

— Vous n’en aurez pas la nécessité, » dit une voix dans la foule. Et s’avançant d’une manière gracieuse devant les comtes, l’euphuiste rejeta le manteau dans lequel il était enveloppé. « Sous le nuage qui ombrageait Shafton, dit-il, voici, milords, le chevalier de Wilverton qui vous épargne la honte de vous souiller de violence et de sacrilège.

— Je proteste devant Dieu et devant les hommes, dit l’abbé, contre toute infraction aux privilèges de cette maison, par l’arrestation de ce noble chevalier ; s’il y a encore quelque fermeté dans le parlement d’Écosse, vous entendrez parler de cela, milords !

— Faites-nous grâce de vos menaces, dit Murray ; il peut se faire que mes desseins touchant sir Piercy Shafton ne soient pas tels que vous le supposez. Gardes, veillez sur lui : il est notre prisonnier, secouru ou non secouru.

— J’y consens, dit l’euphuiste, me réservant le droit de défier