Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/454

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et en territoire. Les affaires étant ainsi arrangées, l’abbé s’enquit du sort de sir Piercy Shafton, et implora Murray en sa faveur.

« C’est un fat, dit-il, milord, mais il est généreux, quoique d’une vanité qui va jusqu’à la folie ; et je crois fermement que dans ce jour vous l’avez fait plus souffrir que si vous lui aviez plongé un poignard dans le sein.

— Une aiguille, vous voulez dire ? reprit le comte de Morton ; sur mon honneur, je pensais que ce petit-fils d’un tailleur d’habits descendait d’une tête couronnée pour le moins.

— Je suis d’avis, comme l’abbé, dit Murray, qu’il y aurait peu d’honneur à le livrer à Élisabeth ; mais on l’enverra dans un lieu où il ne pourra nuire à personne. Notre poursuivant et Bolton l’escorteront jusqu’à Dumbar et rembarqueront pour la Flandre. Mais silence, le voici : il arrive conduisant une femme, je pense.

— Milords et messieurs, dit le chevalier anglais avec une grande dignité, « je vous présente l’épouse de Piercy Shafton : c’est un secret que je ne voulais pas faire connaître : mais le destin qui a découvert ce que je m’efforçais le plus de cacher m’a rendu moins désireux de taire le reste.

— C’est Mysie Happer, la fille du meunier, sur ma vie ! dit Tibb Tacket. J’ai toujours pensé que l’orgueil de ces Piercy finirait par tomber.

— C’est en vérité la charmante Mysinda, dit le chevalier, qui, par les services qu’elle a rendus à son dévoué serviteur, méritait un rang plus élevé que celui qu’il peut lui offrir.

— Je soupçonne pourtant, dit Murray, que nous n’aurions pas entendu appeler la fille du meunier, lady, si le chevalier n’avait pas été reconnu pour être le petit-fils d’un tailleur.

— Milord, dit sir Piercy Shafton, il y a peu de valeur à frapper celui qui ne peut rendre les coups. J’espère que vous vous rappellerez ce qui est dû à un prisonnier par la loi des armes, et que vous n’en direz pas davantage sur un sujet qui m’est odieux. Lorsqu’il ne dépendra que de moi de m’élever en dignité, je saurai bien trouver un nouveau chemin.

— Oui, le couper, je suppose, dit le comte de Morton.

— Douglas, vous le rendrez fou, dit Murray. En outre, nous avons d’autres affaires à régler. Il faut que je voie Warden marier Glendinning à Marie Avenel, et que je le mette en possession sans délai du château de sa femme. Cela se fera plus facilement avant que nos troupes s’éloignent de ces lieux.