Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/69

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murmurer tout à son aise contre le sort qui l’avait condamné à y fixer sa demeure, en le privant de toute chance d’acquérir une renommée par les armes. Mais, en ces temps-là, on avait tant d’occasions plus ou moins urgentes de demander à celui qui était si brave en paroles des preuves visibles de sa bravoure, que Simon Glendinning fut bientôt obligé de marcher avec les troupes du halidome[1], ou territoire de Sainte-Marie, dans cette campagne désastreuse qui se termina par la bataille de Pinkie[2].

Le clergé catholique prenait le plus grand intérêt à cette querelle nationale, qui avait pour objet principal d’empêcher l’union de la reine Marie, qui n’était encore qu’une enfant, avec le fils de l’hérétique Henri VIII. Les moines avaient rassemblé leurs vassaux, et leur avaient donné un chef expérimenté. Plusieurs d’entre eux s’étaient armés eux-mêmes, et s’étaient mis en campagne sous une bannière sur laquelle était peinte une femme, supposée représenter l’Église d’Écosse, agenouillée et dans l’altitude d’une personne qui prie, avec ces mots pour légende : Afflictœ sponsœ ne obliviscaris[3].

Les Écossais néanmoins avaient plutôt besoin, dans leurs guerres, d’être commandés par des généraux sages et prudents que de voir leurs esprits portés à un nouveau degré d’exaltation soit politique, soit religieuse. Leur courage impétueux et difficile à contenir les portait toujours à courir précipitamment au-devant de l’ennemi, et à engager l’action sans avoir réfléchi sur leur position ou sur celle de leurs adversaires, et de fréquentes défaites étaient la conséquence inévitable d’une telle conduite. Nous n’avons rien à dire de la malheureuse journée de Pinkie, si ce n’est que Simon Glendinning y périt, sans dégénérer par sa mort de cette ancienne race dont il était si fier.

Lorsque la nouvelle de cette défaite, qui répandit la terreur et le deuil dans toute l’Écosse, arriva à la tour de Glendearg, la veuve de Simon, dont le nom de fille était Elspeth Brydone, se trouvait seule dans cette habitation désolée, avec un ou deux vieux serviteurs qui avaient passé l’âge des travaux de la guerre et de l’agriculture, et les veuves et les enfants de ceux qui avaient succombé avec leur maître. La désolation était universelle ; mais à quoi cela pouvait-il remédier ? Leurs patrons et

  1. Halidome, écossasisme pour Loly dom, territoire sacré. a. m.
  2. Ou Pinkey bataille livrée sous Édouard VI. a. m.
  3. N’oublie pas ton épouse affligée. a. m.