Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/72

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Halbert Glendinning avait les cheveux aussi noirs que les plumes du corbeau ; ses yeux également noirs, grands, pleins de hardiesse et de feu, étincelaient sous des sourcils noirs ; son teint, sans être basané, était fortement hâlé par le soleil ; enfin cette physionomie était embellie par un air d’activité, de franchise et de résolution fort au-dessus de son âge. Au contraire, Édouard, son frère, avait les cheveux blonds, les yeux bleus, la peau blanche et fine ; le visage légèrement pâle et dépourvu de cette animation qui colore les joues d’un enfant robuste. Ce jeune garçon néanmoins ne paraissait être ni malade ni mal constitué ; au contraire, c’était un bel enfant, ayant une figure riante, l’œil plein de douceur et de gaieté.

La mère jeta un regard de fierté maternelle, d’abord sur l’un et ensuite sur l’autre, et répondit : « Assurément, monsieur, ils sont tous deux mes enfants.

— Et du même père ? dit Stawarth ; » mais voyant son front se colorer d’une rougeur de mécontentement, il se hâta d’ajouter : « Je n’ai pas l’intention de vous offenser, madame ; j’aurais adressé la même question à toute autre mère de ma connaissance dans ma joyeuse ville de Lincoln. Eh bien, madame, vous avez là deux beaux garçons, et je voudrais pouvoir vous en emprunter un ; car dame Bolton et moi nous sommes sans enfants dans notre vieille habitation. Allons, mes petits camarades, lequel de vous deux veut venir avec moi ? »

La mère, tremblante, et craignant qu’il ne parlât sérieusement, reprit chacun des enfants par la main et les rapprocha d’elle, tandis que tous les deux répondaient à l’étranger : « Je ne veux pas aller avec vous, dit fièrement Halbert ; vous êtes un homme du Sud, et les hommes du Sud ont tué mon père ; je veux vous faire guerre à mort, dès que je pourrai tirer l’épée de mon père.

— Ah, miséricorde ! mon petit foudre de guerre, dit Stawarth ; je vois bien que ce ne sera pas de ton temps que l’on perdra la bonne habitude des inimitiés mortelles. Et toi, ma jolie tête blonde, ne veux-tu pas venir avec moi, je te donnerai un beau petit cheval ?

— Non, dit Édouard avec gravité, car vous êtes un hérétique.

— Ah, Dieu me sauve ! s’écria Stawarth Bolton. Allons, madame, je vois que je ne trouverai pas ici de quoi recruter ma troupe ; et