Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/158

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sein que le vôtre ; mais qui aurait pu vous reconnaître sous le déguisement que vous portiez ?

— Sans doute, » reprit le fauconnier ; car poète et acteur, il avait sa dose de vanité. « Je crois que j’étais un aussi bon Howleglas qui ait jamais joué un rôle à un divertissement de carnaval, et pas plus mauvais abbé de la Déraison. Je défie le vieil ennemi du genre humain de m’ôter mon masque lorsque je préfère le garder. Quel diable nous a donc amené le chevalier avant que la farce fût finie ? Vous m’auriez entendu chanter ma nouvelle ballade d’une voix qui serait allée jusqu’à Berwick. Cependant, je vous en prie, monsieur Roland, soyez moins libéral de poignard dans de légères occasions ; car si mon vénérable pourpoint n’eût été bien rembourré, je n’aurais quitté l’église que pour prendre ma place dans le cimetière.

— Allons, épargnez-moi cette querelle, nous n’aurons pas le temps de la terminer ; car, par ordre de notre maître, je dois me rendre à Édimbourg.

— Je le sais, et c’est pour cela même que nous aurons le temps de solder ce compte, chemin faisant, car sir Halbert m’a désigné pour être votre compagnon et votre guide.

— Vous, mon compagnon, et dans quel dessein ?

— Voilà une question à laquelle je ne puis répondre ; mais je sais que, soit qu’on lave ou qu’on ne lave pas la nourriture des jeunes faucons, il faut que j’aille avec vous à Édimbourg et que je vous remette sain et sauf entre les mains du régent à Holy-Rood.

— Comment ! du régent ? » dit Roland d’un ton de surprise.

« Oui, sur ma foi ! du régent, répliqua Woodcock ; je vous promets que si vous n’entrez pas à son service, au moins vous y serez attaché en qualité d’un serviteur de notre chevalier d’Avenel.

— Je ne reconnais pas au chevalier d’Avenel le droit de transférer mes services, en supposant que je les lui doive à lui-même.

— Paix ! paix ! c’est une question que je ne conseille à personne d’élever, à moins qu’il n’ait une montagne, un lac, ou, ce qui vaut encore mieux, les frontières d’un autre royaume entre lui et son seigneur féodal.

— Mais, sir Halbert Glendinning n’est pas mon seigneur féodal, et il n’a aucune autorité sur ma personne.

— Je vous prie, mon fils, de retenir votre langue ; le déplaisir de mon maître, si vous le provoquez, sera plus difficile à apaiser que celui de ma maîtresse ; car le coup le plus vigoureux que frap-