Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/194

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— George de Seyton lui-même, par Black Ralph Leslie : le diable emporte la rapière qui ne l’a pas traversé d’outre en outre ! Mais Ralph a eu la tête ensanglantée par un coup d’un jeune page que personne ne connaît. Dick Seyton de Windigowl a eu le bras percé, et le sang de deux braves des Leslie a coulé aussi : voilà tout le sang noble qui a été répandu dans la mêlée ; un vassal ou deux de chaque côté ont eu les os brisés et les oreilles coupées. Les servantes de cabaret, qui seules sont en danger de perdre par leur déconfiture, ont retiré ces drôles en leur chantant le coronach des ivrognes.

— Vous traitez bien légèrement cette affaire, dit le régent ; ces discussions et ces querelles seraient une honte pour la capitale du Grand-Turc : que sera-ce dans un pays chrétien, dans un état réformé ? mais, si je vis, de pareils abus seront bientôt redressés ; et l’on dira, en lisant mon histoire, que, si ce fut ma cruelle destinée de m’élever au pouvoir en détrônant une sœur, je l’employai du moins, après l’avoir obtenu, pour l’intérêt de l’État.

— Et pour celui de vos amis ajouta Morton ; c’est pourquoi je me flatte que vous allez donner à l’instant des ordres pour annuler l’élection de ce lourdaud d’abbé, Édouard Glendinning.

— Vous serez satisfait sur-le-champ ; » Et s’avançant hors de l’embrasure, il se mit à appeler : « Holà ! Hyndman… » lorsque tout à coup ses yeux tombèrent sur Roland Græme : «Par ma foi ! Douglas, » dit-il en se tournant vers son ami, « nous avons été trois au conseil.

— Oui ; mais comme l’on ne peut tenir conseil qu’à deux, il faut disposer de ce gaillard.

— Fi donc, Morton ! un jeune orphelin ! Écoute, mon enfant, tu m’as parlé de quelques-uns de tes talents : as-tu celui de dire la vérité ?

— Oui, milord, quand elle peut m’être utile.

— Elle te sera utile ; la moindre fausseté serait ta ruine. Qu’as-tu entendu et compris de notre entretien ?

— Fort peu de chose, » répondit Roland avec hardiesse, « si ce n’est qu’il m’a semblé que vous doutiez de la loyauté du chevalier d’Avenel, sous le toit duquel j’ai été élevé.

— Et que peux-tu dire à cet égard ? » continua le régent en fixant sur lui des yeux perçants qui semblaient vouloir lire au fond de son cœur.

« Cela, répondit le page, dépend de la qualité de ceux qui par-