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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/36

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d’une famille d’anciens guerriers, quoique mes ascendants immédiats aient préféré l’humble situation dans laquelle tu les as trouvés. La guerre et le conseil ne conviennent pas moins à la maison de Glendowyne, même dans ses derniers rejetons, qu’aux plus fiers possesseurs actuels des nobles barons de l’Écosse. »

En parlant ainsi, il se promenait dans l’appartement, et lady Avenel souriait intérieurement, en voyant avec quelle ténacité son mari s’arrêtait à réfléchir sur les prérogatives de la naissance ; et cherchait à établir ses droits, quelque éloignés qu’ils pussent être, à une part dans ses prérogatives, au moment même où il affectait de les mépriser. On devinera facilement, néanmoins, qu’elle ne laissa rien échapper qui pût faire soupçonner qu’elle s’apercevait de la faiblesse de son mari, sorte de sagacité que peut-être la fierté de sir Halbert n’aurait pas soufferte très-patiemment.

En revenant de l’extrémité de la salle jusqu’où il s’était promené, pendant qu’il justifiait les droits de la maison de Glendowyne à tous les privilèges de l’aristocratie : « Où donc est Wolf ? dit-il, je ne l’ai pas vu encore, et il était ordinairement le premier à me féliciter de mon arrivée.

— Wolf, » répondit la dame Avenel avec un léger degré d’embarras dont peut-être il ne lui eût pas été facile de se rendre compte à elle-même ; « Wolf est à la chaîne pour le moment ; il a été hargneux contre mon page.

« Wolf à la chaîne ! et Wolf hargneux contre votre page ! répliqua sir Halbert Glendinning ; Wolf n’a jamais été hargneux contre personne, et la chaîne éteindra toute son ardeur, ou le rendra sauvage. Holà ! qu’on détache Wolf sur-le-champ. »

On obéit, et le gros chien se précipita dans l’appartement, dérangeant par ses sauts et ses gambades impétueuses tout l’assemblage de dévidoirs, de rouets et de quenouilles : aussi, Lilias, que l’on appela pour remettre les choses en ordre, s’écria-t-elle naturellement que le favori du laird valait le page de milady.

« Et qui est ce page, Marie ? » demanda le chevalier, dont l’attention fut rappelée sur ce sujet par l’observation de la femme de chambre ; « qui est ce page que tout le monde semble mettre en balance avec mon vieil ami et mon favori Wolf ? Depuis quand avez-vous aspiré à l’honneur d’avoir un page ? Et enfin qui est cet enfant ?

— Je me flatte, mon Halbert, » répliqua lady Avenel, non sans un peu de rougeur, « que votre épouse n’a pas moins de droits à