Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/37

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une suite convenable que les autres femmes de sa condition ?

— Chère Marie, répondit le chevalier, il suffit que vous désiriez un pareil serviteur ; et cependant je n’ai jamais aimé à entretenir des domestiques aussi inutiles. Un page de dame ! Il peut fort bien convenir aux orgueilleuses Anglaises d’avoir un frêle jeune homme pour porter la queue de leurs robes depuis le pavillon jusqu’au salon, pour les éventer lorsqu’elles sommeillent, et toucher le luth lorsqu’il leur plaît de l’écouter ; mais nos matrones écossaises étaient au-dessus de pareilles vanités, et notre jeunesse écossaise doit être accoutumée de bonne heure à la lance et à l’étrier.

— Allons, mon cher mari, reprit-elle, c’était par pure plaisanterie que j’ai appelé cet enfant mon page. Au fait, c’est un petit orphelin que nous avons retiré du lac, où il était sur le point de se noyer et que j’ai gardé au château par charité. Lilias, amenez ici le petit Roland. »

Roland entra, et courant se mettre à côté de la dame d’Avenel, saisit les plis de sa robe, puis se retournant, il fixa des regards attentifs, non sans un mélange de crainte, sur la figure imposante du chevalier. « Roland, dit la dame d’Avenel, va baiser la main du noble chevalier, et prie-le d’être ton protecteur. » Mais Roland n’obéit point, et restant à son poste, continua de fixer ses regards timides sur sir Halbert Glendinning. « Approche du chevalier, mon enfant, répéta-t-elle ; de quoi as-tu peur ? va baiser la main de sir Halbert.

— Je ne veux baiser d’autre main que la vôtre, milady, répondit l’enfant.

— Faites ce qu’on vous dit, monsieur, répliqua lady Avenel. Il est intimidé par votre présence, » continua-t-elle, en l’excusant auprès de son mari ; « mais n’est-ce pas un bel enfant ?

— Et Wolf aussi est beau, répartit sir Halbert en caressant son favori ; c’est un beau chien ; mais il a sur votre nouveau protégé le double avantage d’obéir lorsqu’on lui commande, et de ne pas entendre lorsqu’on fait son éloge.

— Allons, je vois que vous êtes maintenant fâché contre moi, répliqua la dame ; et cependant il n’y a pas de mal à secourir un malheureux orphelin, à aimer ce qui en soi est aimable et digne d’affection. Mais vous avez vu M. Warden à Édimbourg, et il vous aura prévenu contre le pauvre enfant.

— Ma chère Marie, répondit sir Halbert, M. Warden connaît trop bien ses devoirs pour s’immiscer dans vos affaires ou dans les