Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/360

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— Et pourquoi ? demanda Dryfesdale : puisque je viens, selon mon devoir, demander ce que signifient les cris qui partent de l’appartement de la reine moabite. Pourquoi, dis-je, puisque telle est ma commission, ne pourrais-je pas entrer ?

— Simplement parce que le verrou est fermé et que je n’ai nulle envie de l’ouvrir ; j’ai le bon côté de la porte aujourd’hui, comme vous l’aviez hier au soir.

— Tu as tort, insolent jeune homme, de me parler ainsi ; mais j’instruirai madame de ton insolence.

— Ce que tu appelles insolence s’adresse à toi seul en récompense de ta malhonnêteté habituelle. Pour ta dame, j’ai une réponse plus jolie… tu peux lui dire que la reine est malade, et ne veut être dérangée ni par les visites, ni par les messages.

— Je vous conjure, au nom de Dieu ! » dit le vieillard d’un ton plus solennel, « de médire si sa maladie semble s’accroître.

— Elle ne veut recevoir aucun secours de vous ni de votre maîtresse ; par conséquent, partez, et ne vous dérangez plus… nous n’avons besoin de rien, et nous n’accepterons aucun service de votre main. »

Après cette réponse positive, l’intendant descendit en murmurant et fort peu satisfait.


CHAPITRE XXXII.

l’empoisonnement.


Le malheur des rois est d’être entourés d’esclaves qui prennent leur mauvaise humeur pour un ordre de percer le cœur d’un ennemi.
Shakspeare, Le roi Jean.


La dame de Lochleven était assise seule dans sa chambre, cherchant avec un zèle sincère, mais infructueux, à fixer ses yeux et son attention sur la Bible qu’elle tenait devant elle, reliée en velours, brodée, et ornée d’agrafes d’argent massif. Mais, malgré tous ses efforts, elle ne pouvait oublier son ressentiment de ce qui s’était passé la nuit dernière entre elle et la reine, quand Marie Stuart lui avait rappelé par d’amères ironies la faute dont elle se repentait depuis si long-temps.