Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/428

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CHAPITRE XXXVII.

la bataille.


Oui, monsieur, notre antique couronne, dans ces temps orageux, a souvent dépendu d’un coup. Le ducat du joueur, si souvent parié et perdu, et encore regagné, parcourt à peine autant de chance.
Dryden, Le Moine espagnol.


Il n’entre point dans notre plan de retracer les événements historiques du règne de l’infortunée Marie, ou de raconter comment dans le cours de la semaine qui suivit sa fuite de Lochleven, ses partisans se rangèrent autour d’elle avec leurs forces, ce qui formait une brillante et valeureuse armée, s’élevant à six mille hommes. Tant de clarté a été depuis peu jetée sur les plus petites circonstances de ce temps, par M. Chalmers, dans sa précieuse Histoire de la reine Marie, que le lecteur peut en toute sûreté s’en rapporter à cet ouvrage pour de plus grands détails relativement à cette époque intéressante. Il suffit que nous rappelions que le quartier-général de Marie étant à Hamilton, le régent et ses partisans, au nom du roi, s’étaient rassemblés à Glasgow ; il est vrai qu’ils étaient inférieurs en nombre aux troupes du parti de la reine ; mais ce qui les rendait formidables, c’était les talents militaires de Murray, de Morton, du laird de Grange, et d’autres, qui dès leur jeunesse avaient fait la guerre et dans leur pays et dans l’étranger.

Dans ces circonstances, la politique de la reine Marie exigeait qu’on évitât le combat ; car, sa personne une fois en sûreté, le nombre de ses partisans devait s’augmenter journellement ; tandis que les forces de ses ennemis, comme il était arrivé fréquemment dans les règnes précédents, devaient rapidement diminuer et leur courage se perdre. Ceci paraissait si évident à ses conseillers, qu’ils résolurent de s’occuper d’abord de mettre la reine en sûreté dans le château fort de Dumbarton, pour y attendre les événements, l’arrivée des secours envoyés par la France et les levées qui étaient faites par ses partisans dans toutes les parties de l’Écosse. En conséquence, des ordres furent donnés pour que tous