Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/429

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les soldats, tant de la cavalerie que de l’infanterie, se missent sous les armes prêts à suivre l’étendard de la reine en ordre de bataille, et à l’escorter jusqu’au château de Dumbarton, pour l’y installer en dépit de l’ennemi.

On passa la revue dans la plaine d’Hamilton, et l’on se mit en marche avec toute la pompe des temps féodaux ; la musique militaire se faisait entendre, les bannières et les étendards étaient déployés, les armures brillaient, et les lances étincelaient comme des étoiles dans un ciel d’hiver. Le beau spectacle de cette pompe guerrière était rehaussé par la présence de la reine, qui, entourée d’un brillant cortège de dames et de serviteurs formant sa maison, et d’une garde particulière de gentilshommes, parmi lesquels se distinguaient Seyton et Roland, donnait à la fois de l’éclat et de la confiance à l’armée, qui étendait ses immenses lignes de tous côtés autour d’elle. Beaucoup d’ecclésiastiques s’étaient aussi réunis à la cavalcade, et plusieurs d’entre eux ne se faisaient pas scrupule de prendre les armes, et de déclarer leur intention de les porter pour la défense de Marie et de la foi catholique. Il n’en était pas ainsi de l’abbé de Sainte-Marie. Roland n’avait pas aperçu ce prélat depuis leur fuite de Lochleven, et il le voyait maintenant revêtu de l’habit de son ordre, et placé près de la reine. Roland se hâta de se découvrir et de demander à l’abbé sa bénédiction.

— Je te la donne, mon fils ! dit le prêtre ; je te vois à présent sous ton véritable nom, et sous le costume qui t’appartient. Le casque orné de la branche de houx convient à ton front ; il y a long-temps que j’attendais l’heure où tu pourrais le prendre.

— Vous saviez donc d’où je descendais, mon bon père ? s’écria Roland.

— Sans doute, mais ta grand’mère me l’avait dit sous le sceau de la confession ; il ne m’était pas permis de faire connaître ce secret jusqu’à ce qu’elle-même jugeât à propos de le révéler.

— Et quelle raison avait-elle pour garder un tel secret ? ô mon père !

— Peut-être la crainte de mon frère, crainte bien mal placée, car Halbert ne voudrait pas gagner un royaume s’il fallait nuire à un orphelin ; d’ailleurs, en des temps de calme, même si ton père avait rendu à ta malheureuse mère cette justice que j’attendais de lui, ton droit n’aurait pu balancer celui de la femme de mon frère, qui était l’enfant du frère aîné de Julien.

— Ils n’ont rien à craindre de ma part, dit Avenel : l’Écosse est