Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/430

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assez vaste, et il y a plus d’un château à gagner sans ruiner mon bienfaiteur. Mais prouvez-moi, mon révérend père, que je puis me dire le légitime héritier du nom d’Avenel, et je vous serai dévoué pour toujours.

— Oui, reprit l’abbé, j’ai entendu les Seyton reprocher cette tache à votre écusson. Cependant j’ai appris du dernier abbé Boniface certaines particularités qui pourraient…

— Apprenez-moi cette bienheureuse nouvelle, dit Roland, et ma vie vous sera dévouée…

— Impatient jeune homme ! reprit l’abbé, je ne pourrais qu’augmenter l’impétuosité de vos désirs en excitant des espérances qu’il me serait impossible de réaliser. Et sommes-nous dans un temps propice pour vous satisfaire ? Songez quelle marche périlleuse nous avons entreprise ; si vous avez sur le cœur un péché qui ne soit pas confessé, ne négligez pas le seul moment que le ciel vous accorde peut-être, et pour la confession et pour l’absolution.

— Il y aura assez de temps pour toutes les deux, je pense, jusqu’à ce que nous arrivions à Dumbarton.

— Oui, dit l’abbé ; mon fils, vous chantez aussi haut que les autres… mais nous ne sommes pas encore à Dumbarton, et il y a un lion sur notre route.

— Vous voulez dire Murray, Morton, et les autres rebelles de Glasgow ? mon révérend père. Bon ! ils n’oseront regarder la bannière royale.

— Beaucoup de gens qui devraient être plus sages que toi parlent ainsi, répliqua l’abbé. Je reviens des provinces du Sud, où j’ai trouvé plusieurs chefs de renom, armant pour les intérêts de la reine. J’avais laissé ici nos seigneurs pareils à des hommes sages et prudents ; et à mon retour je les trouve fous. Ils veulent, par pur orgueil et vaine gloire, braver l’ennemi, et conduisant la reine comme en triomphe, passer sous les murs de Glasgow pour narguer l’armée ennemie. Le ciel sourit rarement à une telle confiance. On nous attaque et c’est nous qui l’aurons voulu.

— Et tant mieux ! reprit Roland, le champ de bataille fut mon berceau.

— Prenez garde, mon fils, qu’il ne soit votre lit de mort, dit l’abbé ; mais à quoi sert de dire à de jeunes louveteaux les périls de la chasse ? Vous saurez peut-être avant la fin du jour quels sont les hommes auxquels vous portez un tel mépris.

— Comment ? quels sont-ils, demanda Henri Seyton, qui venait