Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/100

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— Fort bien, que la paix soit avec elle ! mon cher hôte : nos chevaux s’impatientent, nous vous souhaitons le bonjour.

— Mon neveu s’en va donc avec vous, monsieur ?

— Oui, c’est son intention, répondit Varney.

— Vous avez raison, complètement raison, mon neveu, reprit mon hôte ; je vous le répète, vous avez raison. Tu as un joli cheval, à présent prends garde que le licou ne te joue un mauvais tour ; ou si tu viens à recevoir ton immortalité de la corde, ce qui est assez vraisemblable d’après ton intention de suivre ce gentleman, je t’engage à te faire pendre le plus loin que tu pourras de Cumnor ; là-dessus, bon voyage. »

Sans plus tarder, l’écuyer du comte et sa nouvelle recrue montèrent à cheval, laissant l’hôte continuer à son aise ses sinistres adieux, et ils s’éloignèrent avec tant de rapidité que leur conversation demeura suspendue jusqu’à ce qu’une côte qu’ils eurent à monter leur permît de la reprendre.

« Ainsi donc, dit Varney, tu es content d’entrer au service d’un personnage de la cour ?

— Oui, mon digne monsieur, si mes conditions vous conviennent autant que me plaisent les vôtres.

— Et quelles sont vos conditions ?

— Si je dois avoir les yeux ouverts sur les intérêts de mon maître, il faut qu’il ferme les siens sur mes défauts.

— Oui, pourvu qu’ils ne soient pas trop visibles.

— Adopté. Ensuite, si j’abats du gibier, il faut que j’aie les os à ronger.

— Rien de plus juste, pourvu que vos supérieurs soient servis avant vous.

— Fort bien ! Il ne me reste plus qu’une chose à régler, c’est que si j’ai quelque démêlé avec la justice, mon patron devra me tirer d’affaire : ceci est un point capital.

— C’est encore fort juste, si ces démêlés ont eu pour cause le service de ton maître.

— Pour les gages, etc., dit Lambourne, je n’en parle pas ; c’est sur mes profits secrets que je compte vivre.

— Ne crains rien, tu auras de beaux habits et assez d’argent pour te divertir avec les plus cossus de ta classe ; car tu entres dans une maison où l’on a, comme on dit, de l’or par-dessus les yeux.

— Cela me convient parfaitement. Il ne reste plus qu’à me dire le nom de mon maître.