Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/101

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— Mon nom est Richard Varney.

— Mais le nom du noble lord au service duquel vous allez me faire entrer ?

— Comment, coquin, te crois-tu trop grand seigneur pour m’appeler ton maître ? Je te permets d’être insolent avec les autres ; mais ne t’avise jamais de l’être avec moi.

— Je vous demande pardon ; mais vous m’avez paru familier avec Foster, et comme je suis avec lui sur le pied de la familiarité…

— Tu es un rusé coquin, à ce que je vois. Écoute-moi. Je dois, il est vrai, te faire entrer dans la maison d’un grand seigneur, mais ce sera principalement moi que tu serviras, et ce sera de moi que tu dépendras… Je suis son écuyer… Tu sauras bientôt son nom… c’est un personnage qui mène le conseil et qui gouverne l’État.

— Diable ! ce doit être un excellent talisman pour découvrir des trésors cachés.

— Oui, pour qui en userait avec discrétion ; mais remarque bien : si tu voulais t’en servir toi-même, tu pourrais faire surgir un démon qui te réduirait en poussière.

— Suffit ; je m’en tiendrai à mon rôle… »

Les deux voyageurs reprirent alors la course rapide que leur conversation avait interrompue, et arrivèrent bientôt au parc royal de Woodstock. Cet ancien domaine de la couronne était bien différent de ce qu’il avait été quand il était la résidence de la belle Rosamonde et le château des amours secrètes et illicites de Henri II, et bien plus différent encore de ce qu’il est aujourd’hui. Blenheim-House rappelle les victoires de Marlborough, non moins que le génie de Vanburgh, si décrié de son temps par des hommes d’un mérite bien inférieur au sien. C’était, sous le règne d’Élisabeth, un vieux château en mauvais état, et qui depuis long-temps n’était plus honoré de la présence du souverain, au grand détriment du village voisin. Les habitants cependant avaient adressé plusieurs pétitions à la reine pour la supplier de les favoriser quelquefois de la visite de leur souveraine ; et c’était le motif apparent de la visite qu’avait faite à Woodstock le noble seigneur que nous avons déjà fait paraître devant nos lecteurs.

Varney et Lambourne entrèrent au galop, sans nulle cérémonie, dans la cour du vieux château, qui présentait ce matin-là un air animé qu’il n’avait pas offert depuis deux règnes. Les officiers de la maison du comte, ses domestiques en livrée et ses gardes,