Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/341

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parce qu’il avait donné sa parole, ensuite parce que, plus il réfléchissait à cette singulière entrevue, plus il reconnaissait qu’il n’eût pu refuser ce qu’elle lui demandait, sans blesser la justice et les convenances.

Sous un certain rapport, il avait fait un grand pas vers son but, d’assurer une protection efficace à cet objet encore chéri de ses premières affections. Amy n’était plus renfermée dans une retraite éloignée et solitaire, sous la surveillance de personnes d’une réputation équivoque : elle était dans le château de Kenilworth, sous la police de la cour, à l’abri de toute crainte de violence, et à portée de paraître devant Élisabeth au premier appel. C’étaient autant de circonstances qui ne pouvaient que seconder puissamment les efforts qu’il aurait occasion de faire en sa faveur.

Tandis qu’il pesait ainsi les avantages et les périls qui résultaient de la présence inattendue d’Amy à Kenilworth, Tressilian fut tout-à-coup accosté par Wayland qui, après s’être écrié précipitamment : « Grâce à Dieu ! je trouve enfin Votre Honneur ! » commença à lui conter à l’oreille, avec toutes les précautions du mystère, que la jeune dame s’était échappée de Cumnor-Place.

« Et elle est à présent dans ce château, ajouta Tressilian ; je le sais et je l’ai vue. Est-ce de son propre mouvement qu’elle a cherché un refuge dans ma chambre ?

— Non, répondit Wayland ; mais je ne pus imaginer d’autre moyen de la mettre en sûreté, et je fus trop heureux de trouver un huissier en second qui savait où vous étiez logé… La belle société vraiment ! d’un côté la grande salle et la cuisine de l’autre.

— Silence ! ce n’est point le moment de plaisanter, » répondit Tressilian d’un ton sévère.

« Je ne le sais que trop bien, répliqua l’artiste, car j’ai passé ces trois derniers jours comme si j’avais eu la corde au cou. Cette dame ne sait pas ce qu’elle veut elle ne veut pas de votre assistance… elle ne veut pas entendre parler de vous… et elle est sur le point de se remettre aux mains de lord Leicester. Je n’eusse jamais obtenu d’elle qu’elle se cachât dans votre chambre, si elle avait su à qui elle appartenait.

— Est-il possible ? dit Tressilian. Mais elle peut avoir l’espoir que le comte emploiera en sa faveur l’influence qu’il a sur son méprisable serviteur.

— Je n’en sais rien, dit Wayland ; mais je crois que si elle se réconcilie avec Leicester ou avec Varney, le côté du château de