Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/380

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— Je voulais dire seulement, milord, que Tressilian a pris le parti le plus sûr pour ne pas mourir de chagrin. Il a une compagne… une maîtresse, la femme ou la sœur, je crois, d’une espèce de comédien, logée avec lui dans la tour de Mervyn, où je l’ai cantonné pour raisons à moi connues.

— Une maîtresse, que dis-tu ? une maîtresse ?

— Oui, milord : quelle autre donc passerait des heures entières dans la chambre d’un gentilhomme ?

— Par ma foi, en temps et lieu, voilà une bonne histoire à raconter, dit Leicester ; je me suis toujours méfié de ces savants hypocrites, si adonnés à leurs livres, si vertueux en apparence. Eh bien, maître Tressilian en agit un peu sans gêne dans ma maison ; si je lui passe cela, il en a l’obligation à certains souvenirs. Je ne veux pas lui faire plus de mal qu’il n’est nécessaire ; cependant aie l’œil sur lui, Varney.

— C’est pour cette raison que je l’ai logé dans la tour de Mervyn où il est sous la surveillance de mon domestique, le plus vigilant des serviteurs s’il n’en était en même temps le plus ivrogne ; c’est Michel Lambourne dont j’ai parlé à Votre Grâce.

— À Ma Grâce, répéta Leicester ; que veux-tu dire avec cette épithète ?

— Elle m’est involontairement échappée, milord ; mais elle me semble si naturelle que je ne puis la révoquer.

— C’est ta propre élévation qui te tourne la tête, » dit Leicester en riant ; « les nouveaux honneurs entêtent comme le vin nouveau.

— Puisse Votre Seigneurie être bientôt dans le cas de parler ainsi par expérience ! » dit Varney. Et souhaitant une bonne nuit à son maître, il se retira.