Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/199

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réprimée avec la rigueur suffisante. Cependant Cleveland répondit gaîment : « Si ces honnêtes marins sont mes compagnons, je réponds pour eux qu’ils ne troubleront pas le pays. À propos des débris de caisses, de hamacs et d’autres brimborions que le Roost peut avoir jetés sur ses côtes, après le naufrage de mon pauvre sloop. Que leur importent que ces bagatelles enrichissent Snailsfoot, le fond de la mer ou le diable ? Ouvrez donc votre balle, Bryce, et montrez votre cargaison à ces dames, peut-être trouverons-nous quelque chose de leur goût.

« Ce ne peut être le vaisseau qui faisait voile avec le sien, » dit à voix basse Brenda à sa sœur ; il aurait montré plus de joie à cette nouvelle. — La chose est certaine pourtant, répondit Minna ; car j’ai vu son œil briller à la pensée de rejoindre les compagnons de ses dangers. — Peut-être son œil brillait-il, » répondit Brenda toujours à voix basse, « à l’idée de quitter les îles Shetland ; il est difficile de deviner la pensée du cœur au regard de l’œil. — N’interprétez pas, du moins, si défavorablement les pensées d’un ami, dit Minna ; et ainsi, en cas d’erreur, Brenda, la faute n’en sera point à vous. »

Pendant ce dialogue, Bryce Snailsfoot travaillait à détacher la courroie de sa balle, qui était en cuir de veau marin et avait bien six bonnes verges de long, artistement entortillée et retenue par toutes sortes de nœuds et de boucles ; il était fréquemment interrompu dans ce travail par l’udaller et les autres qui l’assaillaient de questions à propos du vaisseau étranger.

« Les officiers allaient-ils souvent à terre ? et comment étaient-ils reçus par les gens de Kirkwall ? demanda Magnus Troil. — Admirablement bien, répondit Bryce Snailsfoot ; le capitaine, avec un ou deux de ses officiers, a même assisté par la ville aux danses et autres vanités ; mais on est venu à parler des douanes, des droits du roi, et de pareilles choses ; alors les principaux habitants qui remplissent les fonctions de magistrats ont voulu s’en mêler. Ils ont eu dispute avec le capitaine, qui a refusé de les satisfaire ; et comme ensuite on lui faisait froide mine, il a parlé de faire doubler à son vaisseau le Stromness et le Langhope, car il est exposé aux canons de la batterie de Kirkwall. Mais je pense qu’il restera dans cette ville jusqu’après la foire d’été, malgré tout. — Les habitants des Orcades, dit Magnus Troil, sont toujours empressés de serrer davantage le collier écossais autour de leurs cous. Ce n’est pas assez pour eux de payer le scat et le wattle, qui étaient les seuls impôts payés sous le vieux gouvernement norse, il faut encore qu’ils nous