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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/211

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surnaturels que s’attribuait cette femme étaient loin de se ressembler.

Minna, avec une force surprenante d’imagination, quoique supérieure en connaissances à sa sœur, était plus disposée à entendre les histoires merveilleuses. Elle y trouvait plus de plaisir, et toujours elle s’empressait de recevoir les impressions poétiques qui mettaient ses facultés en jeu, sans examiner minutieusement leur réalité. Brenda avait dans sa gaîté une légère propension à la satire, et était souvent tentée de rire des circonstances mêmes sur lesquelles Minna bâtissait ses rêveries d’imagination ; et comme tous ceux qui aiment le burlesque, elle ne s’en laissait pas facilement imposer par des prétentions pompeuses qui ne l’effrayaient pas, de quelque genre qu’elles fussent. Mais comme ses nerfs étaient plus faibles et plus irritables que ceux de sa sœur, elle payait souvent un tribut involontaire, par ses frayeurs, aux idées que sa raison désavouait ; de là Claude Halcro avait pris l’habitude de dire, au sujet de toutes les traditions superstitieuses qui entouraient Burgh-Westra, que Minna y croyait sans trembler, et que Brenda en tremblait sans y croire. À notre époque plus savante, il est peu de personnes qui, même avec un esprit éclairé et un courage naturel, ne ressentent l’enthousiasme ardent de Minna : et peut-être n’en est-il pas moins encore qui ne sentent de temps à autre, comme Brenda, que leur corps avoue l’influence de certaines frayeurs que leur raison désavoue et méprise.

Mue par des sentiments qui ressemblaient si peu à ceux de sa sœur, Minna, après un moment de surprise, se disposa à sauter de son lit pour aller dire bonjour à Norna, dont la venue, elle n’en doutait pas, se rattachait aux volontés du destin ; tandis que Brenda, qui ne voyait là qu’une femme presque folle, et qui, à cause de l’extravagance des prétentions de cette femme, la regardait comme un objet indéfinissable de crainte, ou plutôt d’horreur, retint sa sœur d’une main tremblante, tout en la suppliant à voix basse et avec instance d’appeler au secours. Mais l’âme de Minna était trop dominée par la crise à laquelle son destin semblait être arrivé pour qu’elle voulût condescendre aux frayeurs de sa sœur ; et s’arrachant des bras de Brenda, elle se hâta de passer une robe de nuit, et traversant avec hardiesse l’appartement, tandis que son cœur battait plutôt d’exaltation que de crainte, elle s’adressa ainsi à la personne qui lui rendait une si singulière visite.

« Norna, si votre mission nous concerne, comme vos paroles