Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/375

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qu’un corsaire… Vous êtes rarement sans une cargaison de dollars. Eh bien, elle arrive, vous met sous son arrière… — Elle nous fait sauter en l’air, s’il vous plaît. — Non, ce doit être s’il plaît à vous-même, capitaine ; mais alors que deviendra la bonne ville de Kirkwall, qui aura hébergé et approvisionné les ennemis du roi ? La cité sera condamnée à une lourde amende, et il se peut que le prévôt ne se tire pas si aisément d’affaire. — C’est cela même, je vois où la mouche vous pique ; or, supposons que je double votre île et que j’aille prendre rade à Stromness, nous pourrions y recevoir à bord tout ce dont nous avons besoin, sans que Kirwkall ni le prévôt semblassent s’être mêlé de rien. Au reste, si l’on vous cherchait querelle, votre impuissance à résister et notre force supérieure vous fourniraient une excuse suffisante. — Cela peut être ; mais si je vous laisse quitter votre position actuelle et aller autre part, je veux avoir la garantie que vous ne ferez aucun mal au pays. — Et nous, nous voulons avoir la garantie de notre côté que vous ne nous ferez pas perdre notre temps jusqu’à ce que l’Alcyon soit en vue de la côte. D’ailleurs, je suis moi-même tout disposé à rester à terre comme otage, pourvu que vous me donniez votre parole de ne pas me trahir, et que vous envoyiez quelque magistrat, quelque personnage d’importance à bord du sloop, où sa sûreté sera un gage de la mienne. »

Le prévôt branla la tête et lui donna à comprendre qu’il serait difficile de trouver un individu qui consentît à se placer comme otage dans une position si périlleuse ; mais il dit qu’il proposerait l’arrangement à ceux des membres du conseil qu’il serait convenable d’immiscer dans une affaire si importante.




CHAPITRE XXV.

l’otage.


J’ai quitté ma pauvre charrue pour sillonner la plaine liquide.
Dibdin.


Lorsque le prévôt et Cleveland furent rentrés dans la salle du conseil, le premier en sortit une seconde fois avec ceux de ses collègues qu’il jugeait bon de consulter, et tandis qu’ils s’occupaient à discuter la proposition de Cleveland, on offrit des rafraîchissements au pirate et à ses gens. Le capitaine leur permit de les accepter, mais en prenant les plus grandes précautions contre toute