Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/386

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par ici, Jack Bunce !… Quel charmant petit brin de fille !… Pardieu !… elle fera une croisière avec nous ; peu importe ce que deviendra le bonhomme ! »

Il saisit d’une main Brenda, presque morte de frayeur, et releva insolemment de l’autre le capuchon qui lui cachait la figure.

« Au secours, mon père !… au secours, Minna ! » s’écria la pauvre jeune fille, sans songer qu’il leur était impossible de la défendre.

Magnus saisit de nouveau sa barre de fer, mais Bunce lui arrêta la main. « Paix là ! bon père, dit-il, ou vous allez vous embarquer dans un mauvais chemin… et vous, Fletcher, lâchez mademoiselle. — Que le diable m’enlève ! pourquoi la lâcherais-je ? demanda Fletcher. — Parce que je vous l’ordonne, Dick, répondit l’autre, et que sinon je vous ferai une querelle… Ah ! maintenant, mes beautés, une de vous deux porte-t-elle ce singulier nom païen de Minna, pour lequel j’ai une espèce de respect ? — Le galant homme ! dit Halcro… c’est incontestablement parce que vous avez de la poésie dans le cœur. — J’en ai eu assez dans la bouche de mon temps, répliqua Bunce ; mais ce temps est passé, vieux gentleman… cependant je saurai bientôt laquelle de ces deux demoiselles se nomme Minna. Écartez-moi ces mantes de vos figures, et n’ayez nulle peur, mes brillantes Lindamires, personne n’approchera de vous pour vous faire le moindre mal… Sur mon âme, voilà deux jolies fillettes !… Puissé-je me trouver en mer sur une coquille d’œuf avec un roc en droite ligne de mon avant, s’il est vrai que j’ai jamais souhaité mieux que la moins gentille… Écoutez, mes bonnes amies, laquelle de vous aimerait à se bercer dans le hamac d’un pirate ?… vous auriez de l’or à moissonner ! «

Les deux sœurs épouvantées se serrèrent l’une contre l’autre, et pâlirent en entendant les discours hardis et familiers de l’intrépide libertin.

« Voyons, ne craignez rien, continua-t-il, personne ne sert sous le noble Altamont que volontairement. Les gentilshommes de fortune ne connaissent pas la presse. Allons, n’ayez pas l’air si sombre en regardant comme si je parlais d’une chose à laquelle vous n’ayez jamais pensé. Une de vous, au moins, connaît le capitaine Cleveland, le pirate. »

Brenda devint encore plus pâle ; mais le sang monta soudain aux joues de Minna lorsqu’elle entendit nommer son amant d’une manière si inattendue ; car telle était la confusion de cette scène,