Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/218

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la foule, quand l’œil exercé de sir Mungo aperçut les personnages que ses dernières paroles annoncèrent à lord Glenvarloch.

Un murmure sourd et respectueux s’éleva parmi les groupes nombreux de personnes qui occupaient la partie basse du parc. Elles se rassemblèrent d’abord en foule, le visage tourné vers White-Hall, puis se rejetèrent en arrière et ouvrirent un passage à une troupe brillante qui sortait du palais, et qui s’avançait dans le parc… Tous ceux qui étaient présents s’empressèrent de laisser l’allée libre et de se découvrir.

Le plus grand nombre des courtisans portait ce costume que Van-Dyck nous a rendu si familier après un intervalle de près de deux cents ans : il commençait à remplacer celui qu’on avait adopté, à l’imitation de la cour d’Henri IV, et qui était plus frivole et moins imposant.

Tous les personnages qui faisaient partie de ce groupe avaient la tête nue, à l’exception du prince de Galles, depuis le plus infortuné des monarques de l’Angleterre : il marchait en avant, ses longs cheveux châtains tombant en boucles sur ses épaules, et sa physionomie que rembrunissait, même dans sa première jeunesse, une teinte de mélancolie prophétique, ombragée par un chapeau à l’espagnole, d’où pendait une longue plume d’autruche. À sa droite était Buckingham, dont le port noble et gracieux à la fois, laissait presque dans l’ombre, sous le rapport de la majesté extérieure, la personne du prince qu’il suivait. Le regard, les mouvements et les gestes du grand courtisan étaient tellement calculés, et si conformes à l’étiquette qu’exigeait sa situation, qu’il en résultait un frappant contraste avec la gaieté familière et la frivolité qui l’avaient mis en faveur auprès de son cher papa et compère le roi Jacques… Le sort de ce courtisan accompli était assurément très-singulier ; car à la fois le favori en pied d’un père et d’un fils de caractères si opposés, il était obligé, afin d’obtenir les bonnes grâces du jeune prince, de contenir dans les bornes du plus respectueux décorum cette humeur légère et folâtre qui faisait les délices du vieux roi.

Il est vrai que Buckingham connaissait si bien les différents caractères de Jacques et de Charles qu’il ne lui était pas difficile de se maintenir au premier rang de la faveur auprès de chacun d’eux. On a même supposé que le duc, ayant une fois réussi à gagner complètement les affections de Charles, ne conserva plus son empire sur le père que par la tyrannie de l’habitude : on