Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/40

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manchettes et des tours de col, distinguait encore plus particulièrement l’espèce d’attention que les dames de qualité qui visitaient la boutique de David Ramsay accordaient à ses apprentis. « Le jeune Frank, à ce qu’elle disait, attirait ordinairement les regards des jeunes dames, comme ayant quelque chose de doux et de mélancolique dans la physionomie, mais cela s’arrêtait là ; car la timidité du pauvre garçon l’empêchait de dire un seul mot. Jin Vin, au contraire, était rempli d’espièglerie et de bonne volonté, toujours disposé à rire, empressé et serviable. Son pas ressemblait, pour l’élasticité, à celui d’un jeune daim de la forêt d’Epping, et son œil noir comme celui d’une Égyptienne, était si plein de feu, qu’aucune femme connaissant le monde ne pouvait faire aucune comparaison entre ces deux garçons. Quant au pauvre voisin Ramsay, ajoutait-elle, c’est un bon et honnête voisin, et un homme instruit sans doute, qui pourrait devenir riche s’il avait du sens commun à l’appui de sa science. Sans doute, pour un Écossais, le voisin Ramsay n’était pas un méchant homme ; mais il était toujours si barbouillé de fumée, si rempli de fils d’or et de limaille de cuivre, si couvert d’huile et de noir de lampe, que, d’après la dame Simons, il faudrait toute sa boutique pleine de montres pour décider toute femme un peu propre à toucher ledit voisin Ramsay autrement qu’avec une paire de pincettes. »

Une autorité encore plus grave, la dame Ursule, femme de Benjamin Suddlechop, le barbier, était absolument de la même opinion.

Tels étaient pour les qualités naturelles et l’estime dont ils jouissaient dans le public les deux jeunes gens qui, par un beau jour d’avril, ayant fait leur service à la table de leur maître et de sa fille pendant leur dîner, à une heure (car telle était, ô jeunes gens de Londres, la sévère discipline à laquelle vos prédécesseurs étaient soumis !), allèrent se régaler des restes du dîner de leur maître, conjointement avec deux domestiques femelles, dont une cuisinière, et l’autre appelée la femme de chambre de mademoiselle Marguerite. Ils vinrent alors prendre la place de leur maître dans la boutique extérieure, et, conformément à la coutume établie, se mirent à réclamer par leurs sollicitations et leurs éloges des objets étalés en vente, l’attention et la pratique des passants.

Dans cette fonction on suppose aisément que Jenkin Vincent surpassait de beaucoup son camarade timide et réservé. Le der-