Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’écria d’une voix égarée : « Sauvez-moi ! sauvez-moi ! ils l’ont assassiné. »

Lowestoffe fut vivement ému de tout ce qu’il avait vu ; mais comme il voulait paraître un homme à la mode, il eut honte d’une trop vive émotion, et fit violence à ses sentiments pour s’écrier : « Adieu, bon, crédule, indulgent époux ! adieu, gracieuse et accommodante épouse ! Ah ! qu’un vrai mari de Londres fait un homme généreux ! il a des cornes, mais il est apprivoisé et ne donne pas de coups. Je voudrais bien la voir quand elle aura changé son masque et son chapeau d’amazone pour un chapeau de ville avec sa mentonnière. Nous irons les voir au quai Saint-Paul, cousin, ce sera une connaissance très-agréable. — Vous feriez bien mieux de courir après ce voleur, ce bohémien de Lutin, interrompit Richie Moniplies, car, par ma foi, il s’est enfui avec le porte-manteau et l’argent de son maître. »

Quelques gardes accompagnés d’autres personnes, qui arrivaient en ce moment, se mirent à crier après Lutin, mais en vain. Les Templiers mirent les corps morts sous leur garde, et après avoir fait une enquête dans les formes, ils retournèrent avec Richard et Vincent à Londres, où ils reçurent de grands applaudissements sur leur bravoure. Les fautes de Vincent furent traitées avec indulgence en considération de la part qu’il avait prise à cette lutte contre les brigands, et il y a tout lieu de croire que ce qui, dans tout autre moment, eût diminué l’honneur du combat, y ajoutait plutôt dans les circonstances actuelles, c’est-à-dire la mort de lord Dalgarno.

George Heriot, qui soupçonnait quelque chose de l’amour de Vincent, demanda et obtint de David Ramsay la permission d’envoyer ce pauvre jeune homme à Paris pour une affaire importante. Nous ne savons pas quel fut son sort, mais nous croyons qu’il fut heureux et qu’il s’associa d’une manière avantageuse avec son compagnon apprenti, après que le vieux Ramsay se fut retiré du commerce par suite du mariage de sa fille. Le célèbre antiquaire dont il a déjà été question, le docteur Dryasdust, possède une montre antique à cadran d’argent, dans le mécanisme de laquelle on trouve une corde de boyau de chat en guise de grande chaîne, et qui porte les noms de Vincent et de Tunstall.

Maître Lowestoffe ne manqua pas de soutenir son joyeux caractère en s’informant de John Christie et de dame Nelly ; mais il apprit avec une extrême surprise (et on peut même dire à