Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/276

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et périls. Vous voyez que je suis bien armé, et qu’un combat entre nous serait inégal. — Pas tant que vous le pensez, » répondit l’étranger d’un ton provoquant : « grâce à mon bon cheval bai, je puis courir autour de vous comme il me plaît ; et voici, » ajouta-t-il en tirant un pistolet de son sein, « un texte de la longueur d’un empan, qui décharge à la moindre pression de l’index, une doctrine irrésistible et très-capable de faire disparaître ce que vous appelez l’inégalité d’âge et de force. Mais point de querelle entre nous pourtant : voilà la plaine devant nous ; prenez le chemin qu’il vous plaira, moi je prendrai l’autre. — Je vous souhaite le bon soir, monsieur, dit Peveril, et je vous demande pardon si je vous ai mal interprété en quelque chose ; mais les temps actuels sont périlleux, et la vie d’un homme peut dépendre de ceux avec lesquels il voyage de compagnie. — Cela est vrai, répondit l’étranger ; mais dans la situation où vous êtes placé, vous avez déjà couru le danger, et vous devriez chercher à l’écarter. Vous avez voyagé assez long-temps avec moi pour fournir un aliment à l’histoire du complot papiste. Quelle figure ferez-vous quand vous verrez paraître un beau volume in-folio contenant la narration de Simon Ganter, autrement dit Richard Ganlesse, relativement à l’horrible conspiration des papistes pour le meurtre du roi et le massacre de tous les protestants, ainsi qu’elle a été faite sous serment à l’honorable chambre des communes ; exposant comme quoi le jeune Julien Peveril de Martindale a trempé dans ladite… — Comment, monsieur, que voulez-vous dire ? » s’écria Peveril en tressaillant.

« Ne m’interrompez donc pas, monsieur, reprit l’étranger, quand je suis occupé à donner un titre à mon livre. À présent que Titus Oates et Bedloe ont remporté les grands prix, les délateurs subalternes ne peuvent trouver quelque bénéfice que dans le débit de leurs délations imprimées ; et Janeway, Newman, Simmons et autres libraires vous diront que le titre est la moitié de l’ouvrage. Le mien aura pour but de mettre au jour les divers projets que vous m’avez communiqués, projets qui consistent à faire débarquer dix mille hommes de l’île de Man sur la côte du Lancashire, et à les faire marcher ensuite dans le pays de Galles, pour les réunir aux dix mille pèlerins qui doivent y arriver d’Espagne, et achever par là de détruire la religion protestante et la ville de Londres, si dévouée à cette croyance. Vraiment ! je crois qu’une telle narration, bien assaisonnée d’horreurs et publiée cum privi-