Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portante question fut réglée. Il s’était fait une affaire de conscience d’être opiniâtre sur ce point ; mais il se sentit heureux au fond du cœur de pouvoir échapper à la nécessité qui paraissait inévitable de faire un affront à lady Peveril en refusant son invitation. Il resta au château plus long-temps que de coutume, parla et sourit plus qu’il ne lui était ordinaire. Son premier soin, à son retour, fut d’annoncer au prédicateur presbytérien et à la congrégation la convention faite avec lady Peveril, et il en parla non comme d’un objet de délibération, mais comme d’un point définitivement résolu ; et telle était son influence parmi eux, que, bien que le prédicateur eût grande envie de prononcer la séparation des partis et de s’écrier : À vos tentes, ô Israël ! il ne le fit pas, prévoyant qu’il serait secondé par un nombre trop faible pour oser tenter de troubler l’unanimité avec laquelle la proposition du major fut adoptée.

Néanmoins, chaque parti devenant inquiet, d’après le résultat de l’ambassade de Bridgenorth, il s’éleva successivement tant de sujets de doute et de discussions délicates, que lady Peveril, la seule personne peut-être qui désirât sincèrement une réconciliation entre les deux factions, encourut, pour prix de ses bonnes intentions et de sa bienveillance, la censure de toutes deux, et eut plus d’une raison de regretter d’avoir conçu le projet louable de réunir dans une fête publique les Capulets et les Montaigus du Derbyshire.

Comme dès ce moment il fut décidé que les presbytériens et les cavaliers formeraient deux compagnies séparées, ils discutèrent encore entre eux pour savoir lequel des deux partis entrerait le premier au château de Martindale. Cette question devint un nouveau sujet de souci pour lady Peveril et le major Bridgenorth. Il était à craindre qu’en laissant les presbytériens et les cavaliers arriver par la même avenue et entrer par la même porte, quelque querelle ne s’élevât entre eux et qu’ils n’en vinssent à des extrémités fâcheuses avant d’avoir atteint la salle du festin. Lady Peveril crut avoir découvert un excellent moyen de prévenir un tel événement : c’était d’introduire les cavaliers par l’entrée principale du château et les têtes-rondes par la brèche faite aux murailles pendant le siège, et qui, depuis ce temps, avait servi de passage aux bestiaux, lorsqu’on les menait paître dans les bois. Elle s’imagina que par cet expédient on éviterait tous les dangers et toutes les discussions que le droit de préséance pouvait susciter