Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/541

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Piccadilly ; la famille de Levi dans Lewkenor-Lane, et les muggletoniens dans Thames-Street… — Ah ! fi donc ! arrière, arrière de telles gens ! ces coquins-là sentiront le fromage et le tabac au moment de l’action, et détruiront infailliblement tous les parfums de White-Hall. Épargne-moi ce détail ; mon cher Ned, et fais-moi connaître le nombre total de tes forces odoriférantes. — Quinze cents hommes bien armés, outre la populace, qui se soulèvera indubitablement ; elle a déjà presque mis en pièces les prisonniers qui ont été acquittés aujourd’hui au sujet du complot. — À présent, je comprends tout ; mais écoutez-moi, très-chrétien Christian, » dit le duc en avançant son fauteuil juste en face de celui sur lequel son agent était assis ; « vous m’avez aujourd’hui confié bien des choses, serai-je également communicatif ? Vous montrerai-je que j’ai des informations aussi précises que les vôtres ? vous dirai-je, en un mot, pourquoi vous avez soudainement résolu de pousser tout le monde, depuis le puritain jusqu’à l’esprit fort, à tenter une attaque générale contre le palais de White-Hall, sans me donner, à moi pair du royaume, le temps de réfléchir, ni de me préparer à une démarche si désespérée ? Vous dirai-je pourquoi vous voudriez m’amener ou m’entraîner, me décider ou me forcer à soutenir votre dessein ? — Milord, s’il vous plaît de me communiquer vos conjectures, je dirai avec toute la sincérité possible, si Votre Grâce a deviné juste. — La comtesse de Derby est arrivée ce matin et se présentera ce soir à la cour avec l’espérance d’un accueil très-favorable. Elle peut être surprise dans la mêlée ?… Hein ! n’y suis-je pas ? maître Christian. Vous qui prétendez m’offrir la vengeance, vous en connaissez fort bien aussi les exquises douceurs. — Je ne me permettrais pas, » répondit Christian avec un demi-sourire, « de servir un plat à Votre Grâce sans y goûter comme pourvoyeur et maître-d’hôtel. — C’est parler franchement. Pars donc tout de suite, mon ami ; remets à Blood cet anneau, il le connaît, et il sait comment il doit obéir à celui qui le porte. Qu’il assemble mes gladiateurs, comme tu appelles très-spirituellement mes coupe-jarrets. Le vieux projet de musique allemande peut aussi être repris, car je crois que tu as tous les instruments prêts. Mais ne l’oublie pas, je ne sais rien, et la personne de Rowley doit être respectée : je pendrai et je brûlerai tout le monde si l’on touche à un seul cheveu de sa perruque noire. Mais qu’en résultera-t-il ensuite ? un lord protecteur du royaume, ou encore (car Cromwell