Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/97

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tesse, son mari, dont l’ardeur était toujours excitée à l’approche d’une action, donnait ordre à Whitaker de rassembler quelques braves gens, déterminés et armés de pied en cap.

« Prends mes deux laquais, dit-il, Outram-Saunders, le palefrenier, Roger-Raine et son fils ; mais recommande à Roger de ne pas boire. Tu viendras aussi, de même que le jeune Dick de Dale, avec son domestique et une couple ou deux de ses gens. Nous serons assez nombreux, je pense, pour leur tenir tête au besoin. Tous ces gaillards-là sauront frapper ferme sans demander pourquoi ; leurs bras sont toujours plus prêts à agir que leur langue à parler, et leur bouche est plutôt faite pour boire que pour jaser. »

Whitaker, en recevant ces ordres et en apprenant tout ce que la circonstance avait de critique, demanda s’il ne ferait pas bien d’avertir sir Jasper Cranbourne.

« Ne lui en dis pas un mot, sur ta tête, répondit le chevalier ; il peut résulter de tout ceci une mise hors la loi, comme ils disent, et je ne veux mettre en péril d’autres biens que les miens. Sir Jasper a eu assez de tourments pendant bien des années : le reste de sa vie s’écoulera en paix, s’il ne dépend que de moi.



CHAPITRE VII.

LA FUITE.


Fang. À la rescousse ! à la rescousse !
Mistress Quickly. Braves gens ! qu’un ou deux des vôtres viennent à notre secours.
Shakspeare. Henri IV, 2e partie.


Les gens de la suite de Peveril étaient si accoutumés au son du boute-selle, qu’ils furent bientôt rangés en bon ordre ; puis, avec toute la sévérité de la discipline, et cette contenance grave qui convient à l’heure du danger, ils se mirent en marche escortant la comtesse de Derby à travers la partie montagneuse et déserte qui lie la frontière de ce comté à celle du Cheshire. La cavalcade avançait avec ces précautions extrêmes que l’expérience avait enseignées pendant le temps des guerres civiles. Un cavalier prudent et bien monté précédait la troupe d’environ trois cents pas ; deux autres le suivaient à la moitié de cette distance avec leurs carabines en avant, prêts à faire feu à la première attaque. Plus loin, derrière cette avant-garde, venait le corps prin-