Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/158

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CHAPITRE X.

LA SENTINELLE.


D’où vient cette musique ? est-ce de l’air ? est-ce de la terre ?
Shakspeare, La Tempête.
J’étais tout oreille, et j’entendais des sons dont l’harmonie aurait pu ranimer les cendres des morts.
Milton Comus.


Quentin avait à peine regagné sa petite chambre, pour faire quelques changements nécessaires à son costume, que son digne oncle se trouva près de lui, et lui demanda les détails circonstanciés de ce qui lui était arrivé à la chasse.

Le jeune homme, qui ne pouvait s’empêcher de penser que le bras du Balafré valait probablement mieux que son jugement, eut soin, dans ses réponses, de laisser le roi en pleine possession de la victoire qu’il avait paru désirer s’approprier. La réplique du brave Ludovic fit sentir à son neveu combien mieux il se serait conduit lui-même en pareille circonstance ; et il la termina par quelques légers reproches sur le peu d’empressement qu’il avait mis à voler au secours du roi au moment où sa vie pouvait être en danger. Quentin eut assez de prudence pour se borner, tout en justifiant sa conduite, à faire observer à son oncle que, suivant les règles de la chasse, il était peu honnête d’attaquer un animal contre lequel lutte un autre chasseur, à moins que celui-ci ne demande directement du secours. Cette discussion était à peine terminée, qu’il eut lieu de se féliciter de sa réserve. Un coup légèrement frappé à la porte annonça un visiteur ; elle s’ouvrit au même instant, et Olivier le Dain, ou le Mauvais, ou le Diable, car il était connu sous ces trois dénominations, entra dans la chambre.

Nous avons déjà dépeint, du moins quant à son extérieur, cet homme habile mais sans principes. Par son allure et ses manières, on aurait pu le comparer, sans manquer à l’exactitude, au chat domestique, qui, couché et en apparence endormi, ou se glissant à travers un appartement d’un pas furtif, timide et lent, tandis qu’il n’est occupé d’autre chose que de guetter le trou de quelque malheureuse souris, et qui, se frottant avec un air de confiance et d’amitié contre ceux par qui il désire être caressé, saute sur sa proie un moment après, en égratignant peut-être même la personne à laquelle il adressait ses cajoleries.