Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/184

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de ma garde ? Mais que n’excuse-t-on pas dans un galant chevalier qui ne vit que par amour ?

Le duc d’Orléans leva la tête, comme s’il se disposait à répondre de manière à détruire l’opinion qu’exprimaient les paroles du roi ; mais le respect d’instinct (pour ne pas dire la crainte) qu’il éprouvait pour Louis et dans lequel il avait été élevé depuis son enfance enchaîna sa voix.

« Et Jeanne a été indisposée ? dit le roi : mais ne vous chagrinez pas, Louis ; cela sera bientôt passé : donnez-lui le bras pour la conduire à son appartement, pendant que j’accompagnerai ces nobles étrangères jusqu’au leur. »

Cette invitation fut faite d’un ton qui équivalait à un ordre : le duc sortit donc avec la princesse par une des extrémités de la galerie, pendant que le roi, ayant ôté le gant de sa main droite, conduisait courtoisement la comtesse Isabelle et sa parente à leur appartement, situé à l’extrémité opposée. Il les salua profondément lorsqu’elles y entrèrent, resta environ une minute devant la porte lorsqu’elles eurent disparu ; puis, avec un grand sang-froid, il la ferma, fit un double tour, retira de la serrure l’énorme clef, et la passa dans sa ceinture, partie de ses vêtements qui le faisait parfaitement ressembler à un vieil avare qui ne saurait respirer librement s’il ne porte sur lui la clef de son coffre-fort.

D’un pas lent, d’un air pensif, et les yeux tournés vers la terre, Louis s’avança alors vers Durward, qui, s’attendant à subir sa part du mécontentement du roi, ne le vit pas s’approcher sans éprouver un sentiment d’inquiétude.

« Tu as mal agi, » dit le roi en levant les yeux et les fixant vivement sur Quentin lorsqu’il fut à quelques pas de lui ; « tu as horriblement mal agi, et tu mérites la mort… Ne dis pas un mot pour ta défense !… Devais-tu l’inquiéter de ducs et de princesses ?… devais-tu penser à autre chose qu’à exécuter mes ordres ? — Avec la permission de Votre Majesté, dit le jeune soldat, que pouvais-je faire ? — Ce que tu pouvais faire, lorsqu’on forçait ton poste ? » répondit le roi d’un ton de mépris. « À quoi sert cette arme que tu portes appuyée à ton épaule ? Il fallait la diriger contre le présomptueux rebelle, et s’il ne se retirait pas à l’instant, l’étendre mort, sur le seuil même de la porte. Retire-toi… dans l’appartement voisin tu trouveras un grand escalier qui conduit dans la cour intérieure ; là tu trouveras Olivier le Dain : envoie-le moi, puis rentre dans ta caserne. Si tu fais quelque cas de la vie,