Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/209

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âgée des deux comtesses, montée à une octave plus haut que les doux sons qui avaient vibré à l’oreille de Quentin lorsqu’elles avaient dit adieu au roi : elle demandait à parler au chef de l’escorte. Donnant de l’éperon à son cheval, Durward se présenta devant les dames en cette qualité, et la comtesse Hameline lui fit subir l’interrogatoire suivant :

« Quel est votre nom ? quelle est votre qualité ? »

Il répondit sur ces deux points.

— « Connaissez-vous parfaitement la route ? — Il ne pouvait, répliqua-t-il, assurer qu’il eût une bien grande connaissance de la route ; mais il était muni d’amples instructions ; et il devait à la première halte trouver un guide qui serait en état, sous tous les rapports, de les diriger dans le reste du voyage ; en attendant, un cavalier qui venait de les joindre, et qui faisait le quatrième de l’escorte, devait leur servir de guide pendant la première journée. — Et d’où vient que vous avez été choisi pour un pareil service ? J’apprends que vous êtes le même jeune homme que j’ai vu hier en faction dans la galerie où nous rencontrâmes la princesse de France. Vous paraissez bien jeune et bien peu expérimenté pour une pareille mission ; d’ailleurs, vous n’êtes pas Français, car vous parlez cette langue avec un accent étranger. — Mon devoir est d’obéir aux ordres du roi, madame, et non point d’en discuter les motifs. — Êtes-vous de naissance noble ? — Je puis vous l’affirmer en sûreté de conscience. — Et n’êtes-vous pas, » dit à son tour la jeune dame, mais avec un accent timide ; « n’êtes-vous pas la même personne que je vis avec le roi lorsqu’il me fit appeler à l’auberge des Fleurs-de-Lis ? »

Baissant la voix, peut-être d’après le même sentiment de timidité, Quentin répondit affirmativement.

— « Alors il me semble, ma tante, » dit Isabelle en s’adressant à la comtesse Hameline, « que nous n’avons rien à craindre, étant sous la sauvegarde de ce jeune archer ; du moins il n’a pas l’air d’un homme à qui l’on aurait pu confier sans scrupule l’exécution d’un plan de trahison ou de cruauté envers deux femmes sans défense. — Sur mon honneur, madame, s’écria Durward, sur la renommée de ma maison, sur les cendres de mes ancêtres, je ne pourrais, pour la France et l’Écosse réunies, me rendre coupable de trahison ou de cruauté envers vous. — Vous parlez bien, jeune homme, dit la comtesse Hameline ; mais nous sommes accoutumées à entendre de beaux discours sortir de la bouche du roi de