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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/263

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raire, pourrait excéder la dette et faire pencher la balance contre vous, ce que je ne suis pas homme à oublier. Maintenant, je vous dis adieu, mais ce n’est pas pour long-temps ; je vais également faire mes adieux aux dames de Croye. — Toi ! » s’écria Quentin saisi d’étonnement ; « toi, être admis en la présence de ces dames ! et cela ici, dans ce château où elles vivent en quelque sorte comme des recluses ! où elles sont sous la protection de la sœur de l’évêque, d’une noble chanoinesse ? c’est impossible ! — Marton m’attend cependant pour m’introduire auprès d’elles, » répondit le Zingaro avec un rire ironique ; « et il faut que je vous prie de m’excuser si je vous quitte si brusquement. »

Tournant alors le dos à Durward, il fit quelques pas pour s’éloigner ; mais, revenant presque aussitôt sur ses pas, il se rapprocha de lui, et, avec un ton d’emphase mystérieuse : « Je connais vos secrètes espérances, dit-il ; elles sont audacieuses, mais elles ne seront pas vaines, si je vous prête mon appui. Je connais vos craintes ; elles doivent vous conseiller la prudence, mais non vous donner de la timidité. Il n’existe pas de femme qu’on ne puisse gagner. Le titre de comte n’est qu’un sobriquet, et il siéra tout aussi bien à Quentin que celui de duc à Charles, et celui de roi à Louis. »

Avant que Durward eût eu le temps de lui répondre, le Bohémien avait quitté la salle. Il le suivit à l’instant ; mais Hayraddin, plus initié que l’Écossais dans la connaissance des distributions intérieures du château, conserva l’avantage qu’il avait obtenu, et disparut bientôt à ses yeux en prenant un petit escalier dérobé. Quentin continua pourtant de le poursuivre, quoiqu’il sût à peine le motif qui l’y portait. L’escalier se terminait par une porte qui donnait sur un jardin, là il aperçut de nouveau le Zingaro précipitant ses pas et parcourant en tous sens les avenues, afin d’éviter qu’il ne l’atteignît.

Ce jardin était bordé de deux côtés par les bâtiments du château, vaste et antique édifice que ses fortifications faisaient ressembler à une citadelle autant qu’à un monument religieux ; les deux autres côtés étaient fermés par une haute muraille crénelée. Une de ses nombreuses avenues conduisait à une autre partie du château, où l’on voyait une petite porte située derrière un arc-boutant d’une hauteur immense et tout couvert de lierre ; Hayraddin, après avoir suivi cette direction, se retourna vers Durward, et lui fit de la main un geste qui pouvait être considéré