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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/363

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plus solennels n’offraient aucune garantie. En effet, le meurtre de l’aïeul du duc, sur le pont de Montereau, en présence du père de Louis XI, et dans une entrevue solennelle, acceptée pour traiter du rétablissement de la paix et d’une amnistie générale, offrait au duc un horrible exemple à imiter.

Mais le caractère de Charles, quoique brusque, fier, emporté, opiniâtre, ne manquait ni de bonne foi, ni de générosité, excepté lorsqu’il se laissait entraîner par la fougue de ses passions : ces deux vertus ne sont pas ordinairement le partage des tempéraments froids. Il ne se donna aucune peine pour montrer au roi plus de courtoisie que ne l’exigeaient les lois de l’hospitalité ; mais, d’un autre côté, il ne témoigna en aucune manière le dessein de franchir les limites sacrées qu’elles imposent.

Le lendemain de l’arrivée du roi, il y eut une revue générale des troupes du duc de Bourgogne ; elles étaient si nombreuses et si bien équipées, que peut-être il n’était pas fâché d’avoir une occasion de les montrer à son puissant rival. En effet, tout en lui faisant le compliment dû par un vassal à son suzerain, c’est-à-dire, que ces troupes étaient celles du roi et non les siennes, le mouvement de sa lèvre supérieure et le regard de fierté qui brilla dans ses yeux montraient assez que ces paroles n’étaient qu’une vaine formule, et qu’il savait fort bien que cette superbe armée, entièrement à sa disposition, était prête à marcher sur Paris aussi bien que dans toute autre direction. Pour ajouter à sa mortification, Louis reconnut dans cette armée les bannières de plusieurs seigneurs français, non-seulement de Normandie et de Bretagne, mais de provinces plus immédiatement soumises à son autorité, et qui, par divers motifs de mécontentement, avaient réuni leurs forces à celles du duc de Bourgogne et fait cause commune avec lui. Néanmoins, fidèle à son caractère, Louis ne parut faire que peu d’attention à ce nouveau sujet de déplaisir, quoique dans le fait, il repassât dans son esprit les moyens qu’il pourrait employer pour les détacher de la Bourgogne et les ramener à lui. Dans ce dessein, il résolut de faire sonder secrètement les principaux d’entre eux par Olivier et d’autres agents. Lui-même il travailla avec soin, mais avec une grande précaution, à se concilier l’intérêt des principaux officiers et conseillers du duc, employant à cet effet les moyens qui lui étaient familiers, accordant des égards à ceux-ci, distribuant des flatteries à ceux-là, et faisant à d’autres de riches présents. Il ne voulait aucunement, disait-il à ces derniers,