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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/389

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homme ; car comme Votre Majesté se plaît quelquefois à me le rappeler, il m’est arrivé de temps en temps de me tromper, et, au lieu du criminel, d’étrangler un honnête laboureur qui n’avait point offensé Votre Majesté. — C’est la vérité. Sache donc, Tristan, que le condamné est Martius Galeotti… Cela t’étonne ; c’est pourtant comme je te le dis. Ce traître nous a amenés ici, au moyen de fausses et perfides insinuations, pour nous livrer tous sans défense entre les mains du duc de Bourgogne. — Mais ce ne sera pas sans que nous en tirions vengeance ; quand ce devrait être le dernier acte de ma vie, je lui ferai sentir mon aiguillon, comme une guêpe expirante, dussé-je être broyé l’instant d’après ! — Je connais ta fidélité, et je sais que, comme tous les honnêtes hommes, tu trouves du plaisir à remplir ton devoir : car la vertu, disent les savants, trouve en elle-même sa récompense. Mais va-t’en, et prépare les sacrificateurs ; la victime ne tardera pas à paraître. — Votre gracieuse Majesté désirerait-elle que l’exécution se fît en sa présence ? » demanda Tristan. — Louis rejeta cette offre ; mais il chargea le grand prévôt de tout disposer pour exécuter ponctuellement ses ordres au moment où l’astrologue sortirait de sa chambre à coucher. « Car, dit-il, je veux voir le scélérat encore une fois, ne fût-ce que pour observer comment il se comportera envers le maître qu’il a fait tomber dans le piège. Je ne serais pas fâché de voir l’appréhension d’une mort prochaine effacer les couleurs de ses joues enluminées, et ternir l’éclat de cet œil qui souriait si finement au moment même où il me trahissait. Oh ! si je tenais aussi l’autre traître, celui dont les conseils ont secondé ses pronostics ! Mais si je me tire de ce danger, prenez garde à votre pourpre, monseigneur le cardinal ; Rome perdrait sa peine à vouloir vous sauver…, soit dit sans offenser saint Pierre ni la bienheureuse Notre-Dame de Cléry, qui est toute miséricordieuse !… Eh bien ! qu’attends-tu ? Va préparer tes gens. Le traître peut arriver d’un instant à l’autre. Fasse le ciel qu’il ne conçoive aucune crainte, et que rien ne le retienne ! S’il ne venait pas ce serait une cruelle contrariété ! Va-t’en, donc, Tristan… ; tu n’avais pas coutume d’être si lent à remplir ta besogne. — Au contraire, Sire, car Votre Majesté disait tous les jours que j’y mettais trop de promptitude, que je me méprenais sur vos intentions, et que je saisissais un sujet pour un autre. Je désire donc que Votre Majesté veuille bien me donner un signe à l’aide duquel, au moment où vous prendrez congé de Galeotti, je puisse reconnaître si je dois