Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas dès lors être patient, puisque ma colère ne servirait qu’à montrer mon impuissance ? Parlez-moi donc avec sincérité. Avez-vous abusé de ma confiance ? ou votre science est-elle réelle ? Ce que vous venez de me dire est-il bien vrai ? — Votre Majesté me pardonnera, si j’ose lui répondre que le temps seul, le temps et l’événement peuvent convaincre l’incrédulité. Il conviendrait mal à la place de confiance que j’ai occupée dans le conseil de l’illustre conquérant, de Mathias Corvin de Hongrie, dans le cabinet de l’empereur lui-même, de réitérer l’assurance de ce que j’ai avancé comme vrai. Si vous refusez de me croire, je ne puis qu’en référer au temps et aux événements qu’il amène. Un ou deux jours de patience prouveront si j’ai dit la vérité au sujet du jeune Écossais ; et je consens à mourir sur la roue, à avoir mes membres rompus l’un après l’autre, si Votre Majesté ne retire pas un avantage, un avantage très-important, de la conduite intrépide de ce Quentin Durward. Mais si je dois mourir dans de pareilles tortures, Votre Majesté fera bien de se pourvoir au plus tôt d’un père spirituel ; car, du moment que j’aurai rendu le dernier soupir, il ne lui restera que vingt-quatre heures pour se confesser et faire pénitence.

Louis continua de tenir le bras de Galeotti tout en le conduisant vers la porte ; et en l’ouvrant, il dit à haute voix : « Demain, nous parlerons plus au long de cette affaire. Allez en paix, mon docte père ; Allez en paix ! allez en paix ! »

Il répéta trois fois ces paroles ; et cependant, dans la crainte que le grand prévôt ne commît quelque erreur, il accompagna l’astrologue jusque dans la grande salle, en le tenant toujours par le bras, comme s’il eût craint qu’on le lui arrachât pour le mettre à mort sous ses yeux. Il ne quitta Galeotti qu’après avoir non-seulement répété plusieurs fois ces paroles de salut : Allez en paix ! mais encore fait un signe spécial au grand prévôt pour lui enjoindre de ne pas porter la main sur la personne de l’astrologue.

Ce fut ainsi que, grâce à quelque information secrète, à son courage audacieux et à sa présence d’esprit, Galeotti échappa au danger le plus imminent ; et ce fut ainsi que Louis, le plus subtil comme le plus vindicatif des monarques de cette époque, se vit déjoué dans ses projets de vengeance par l’influence de la superstition sur son caractère égoïste, et par les épouvantables terreurs de la mort qui assaillent sans cesse la conscience d’un homme chargé de crimes.

Il fut cependant mortifié en se voyant obligé de renoncer à ses