Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/445

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« J’ai été reçu poursuivant d’armes au collège héraldique de Ratisbonne, répondit Sanglier-Rouge, et je dois mon diplôme de maîtrise à cette savante confrérie. — Vous ne pouviez le recevoir de plus dignes mains, » répondit Toison-d’Or en s’inclinant plus profondément encore qu’il ne l’avait fait auparavant ; « et si je me permets de conférer avec vous sur les mystères de notre noble science, par respect pour les ordres de mon très-gracieux maître, ce n’est pas dans l’espérance de vous donner des leçons, mais bien d’en recevoir. — Allons, allons, » dit le duc avec impatience ; « trêve de cérémonies, et fais-lui quelque question qui mette son savoir à l’épreuve. — Ce serait l’offenser que de demander à un disciple de l’illustre collège héraldique de Ratisbonne s’il connaît les termes les plus usités du blason, dit Toison-d’Or ; mais je puis sans l’offenser prier Sanglier-Rouge de dire s’il possède les termes les plus mystérieux de la science, par lesquels les véritables initiés communiquent d’une manière emblématique, et pour ainsi dire parabolique, ce qu’ils transmettent aux autres dans le langage ordinaire ; termes qui sont la quintessence de la science héraldique. — Je connais toute espèce de blason aussi bien l’une que l’autre, » répondit Sanglier-Rouge avec assurance ; « mais peut-être les termes dont nous nous servons en Allemagne ne sont pas les mêmes que ceux que vous employez en Flandre. — Hélas ! pouvez-vous parler ainsi ? répliqua Toison-d’Or : notre noble science, qui est la vraie bannière de la noblesse et la gloire des preux, apparaît la même dans toute la chrétienté ; les Sarrazins et les Maures eux-mêmes en ont quelque teinture. Je vous prierai donc de décrire d’après la méthode céleste, c’est-à-dire d’après les planètes, telles armoiries qu’il vous plaira de choisir. — Décrivez vous-même votre blason comme il vous plaira, dit Sanglier-Rouge ; je ne m’occuperai pas de telles niaiseries : suis-je donc un singe accoutumé à sauter au commandement ? — Montrez-lui les premières armoiries venues, et qu’il les décrive à sa manière, dit le duc ; s’il est pris en défaut, je lui promets que son dos sera gueules, azur et sable. — Voici, » dit le héraut bourguignon en tirant de sa poche un parchemin ; « voici d’anciennes armoiries que de puissants motifs m’ont porté à décrire d’après mes faibles lumières. Je prie mon confrère, s’il appartient en effet à l’honorable collège héraldique de Ratisbonne, de le déchiffrer en termes techniques ? »

Le Glorieux, qui semblait prendre grand plaisir à cette discus-